Sont principalement ciblés les autoroutes, quelques ronds points stratégiques et des dépôts pétroliers ou stations services. Au nom du principe de la libre circulation et à la demande du ministre de l’Intérieur, les préfets et les forces de l'ordre multiplient les interventions destinées à dégager méthodiquement, et si possible sans confrontation, les sites les plus stratégiques. Mais cela ne démotive en rien les manifestants, bien décidé à inscrire leur contestation dans la durée. Illustration à Caen où Bastien Bougeard de RCF Calvados-Manche a recueilli ces témoignages sur des barrages dans l’agglomération normande.
Toute les régions de France sont plus ou moins impactées par le mouvement, jusque dans les Outre-mer. Les gilets jaunes sont notamment extrêmement mobilisés sur l'île de la Réunion. Devant l’ampleur des barrages mais aussi des violences et pillages perpétrés par des bandes de jeunes, le gouvernement a décrété un couvre-feu nocturne pour trois jours.
Le président de région, Didier Robert, a demandé une dérogation pour La Réunion sur l’augmentation de la taxe sur les carburants pour les trois prochaines années. Le mouvement essaime aussi en Belgique. Depuis vendredi dernier des manifestants tentent de bloquer les raffineries du pays même si jusqu’ici, la mobilisation reste peu massive.
Alors que ce mouvement se veut apolitique, le soutien des syndicats n'est pas non plus souhaité. Sur les barrages, les manifestants sont unanimes : pas besoin des structures classiques pour organiser la contestation. Beaucoup ne croient plus au pouvoir des négociations des partenaires sociaux. Du côté des syndicats, on voit ce mouvement, autant avec sympathie qu’avec inquiétude. Et on pointe du doigt l’attitude du gouvernement à leur égard. C'est ce qu'explique Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC. A noter que la fédération FO Transports a appelé mardi soir ses adhérents et sympathisants à rejoindre le mouvement des gilets jaunes afin de défendre le pouvoir d’achat.
Les manifestations ont fait, depuis samedi, deux morts et 552 blessés dont 95 membres des forces de l'ordre. Ces quatre jours de manifestation ont donné lieu à 582 interpellations et 450 gardes à vu. Lundi un premier gilet jaune a été condamné à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour mise en danger de la vie d'autrui et entrave à la circulation. Christophe Castaner a dénoncé mardi la dérive totale du mouvement, évoquant une radicalisation avec des revendications qui ne sont plus cohérentes et qui vont dans tous les sens.
On sent que le gouvernement joue le pourrissement du mouvement et mise sur la montée de son impopularité auprès des Français bloqués. Mais au-delà des réponses ou non à apporter, pour le sociologue et politologue, Jean Viard, ce mouvement est la traduction de la profonde mutation sociologique et civilisationnelle que nous vivons aujourd’hui.
A noter que le président Macron a estimé que c'est par le dialogue, l'explication et la capacité à trouver les solutions de terrain, qu'il sera possible de mettre fin au mouvement. En attendant, les gilets jaunes invitent sur les réseaux sociaux à une nouvelle journée de mobilisation nationale, samedi à Paris. La préfecture prévient qu’aucune manifestation ne sera tolérée place de la Concorde.
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