La crise sanitaire pourrait se transformer en crise alimentaire mondiale, préviennent, inquiètes, les Nations unies et l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En première ligne, les populations des pays importateurs de nourriture. Explications de Bruno Parmentier, spécialiste des questions d'agriculture et d'alimentation.
"Sûrement pas en France !" Si les Français se sont rués dans les supermarchés au début du confinement, "il faut qu'ils réalisent que l'on est un très grand pays agricole, ce n'est pas du tout le cas de l'Angleterre..." commente Bruno Parmentier. "S'il y a moins de commerce international, on aura moins de banades ou moins de café..." Retour donc à "la vraie nourriture traditionnelle de la France", au "trio de base" : le pain, la pomme de terre et le vin.
Les chaînes d'approvisionnement alimentaire à l'échelle internationale sont fortement perturbées par l'épidémie de coronavirus. Une baisse des importations comme des exportations pourrait avoir de graves conséquences sur des pays comme le Japon, "qui ne produit que 30% de sa nourriture" ou l'Algérie, qui "importe massivement de la nourriture". Ou encore l'Égypte, dont seulement 4% des terres sont cultivables, et qui est "le plus grand importateur mondial de blé". "Si jamais on commence à dire embargo sur les exportations, les cours de céréales vont exploser, c'est la famine en Égypte."
"Il n'est pas exclu que l'Afrique et la péninsule indo-pakistanaise, qui sont les deux endroits où l'on a déjà faim chroniquement, que si le coronavirus attaque ces deux vraiment régions du monde, ça fasse plus de morts de faim que de morts de coronavirus." La survie des populations pourrait être en jeu dans les pays qui "n'ont pas su ou pas pu développer leur agriculture". Le consultant annonce que les pays exportateurs de nourriture vont devoir fournir "un énorme devoir de solidarité internationale".
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