Depuis 2016, date à laquelle les révélations sur de multiples abus sexuels ont explosé, l’Eglise de France s’est engagée dans un parcours long et compliqué destiné à sécuriser la "maison commune". Messagerie dédiée aux victimes, création d’une cellule permanente de lutte contre la pédophilie et d’une commission nationale d’expertise, création de postes de référents diocésains contre la pédophilie. Les mesures amorcées depuis cette date avaient besoin d’être consolidées, voire augmentées. D’autant que le contexte a évolué.
L’Association La Parole Libérée, qui s’était faite connaître en recensant les témoignages de nombreuses victimes d’abus sexuels en région lyonnaise, va mettre fin à sa mission. De son côté, la CIASE, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a clôturé son appel à témoignages lancé en juin. Elle doit maintenant rendre un rapport public, prévu pour le début de l’automne prochain.
En attendant la publication de ce document, qui fera date, l’Eglise s’organise et consolide son action. C’était l’un des enjeux de l’Assemblée plénière qui s’est tenue cette semaine, à Lourdes. Dans un discours de clôture, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des Evêques de France, a présenté les conclusions des travaux des évêques, et les nouvelles mesures adoptées.
Ces mesures sont à la fois mémorielles, financières, et dans une dimension à la fois nationale et locale. Sur le plan de la mémoire, les évêques ont annoncé la création d’un lieu national de mémoire pour les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise. Une journée de prière pour les personnes victimes de violences, d’agressions sexuelles, d’abus de pouvoir et de conscience au sein de l’Eglise va également être créée. Ce sera le troisième vendredi de Carême.
Au niveau local, l’Eglise entend faire davantage sur l’accompagnement des auteurs d’abus sexuels. S'agissant de la dimension nationale, la CEF a annoncé la transformation de la cellule permanente de lutte contre les abus sexuels en un conseil pour la prévention et la lutte contre la pédophilie, qui aura pour mission de diriger un nouveau service national dédié. On notera également la création d’un tribunal pénal canonique interdiocésain pour la France, spécialisé dans les affaires d’abus sexuels et d’abus de pouvoir. L’Eglise souhaite également lancer, en lien avec la Conférence des Religieux et Religieuses de France (Corref), une équipe nationale d’écoutants, sous la forme d’une association. Elle disposera d’un numéro d’appel national.
S’agissant enfin de la dimension financière, un volet sur lequel les évêques étaient particulièrement attendus, la Conférence des Evêques de France a enfin adopté une position claire, et des mesures concrètes. Une contribution financière sera versée au terme des procédures civiles et canoniques à chaque personne victime qui la sollicitera. Cette contribution servira à faire "face aux frais nécessaires à sa reconstruction". Elle sera soit individualisée, soit d’un montant forfaitaire, dans la limite d’un plafond qu’il reste encore à déterminer.
Cette contribution sera financée par un fonds de dotation qui sera créé dans cette optique. Ce fonds collectera "l’ensemble des participations volontaires des évêques, des prêtres, des diacres, des fidèles et de toute les personnes qui s’associeront à cette démarche" précise la CEF. Un fonds alimenté par des participations personnelles, et non par l’Eglise de France, fragilisée financièrement par la crise sanitaire.
Toutes ces mesures ont été expliquées par Mgr Eric de Moulins-Beaufort dans sa lettre aux fidèles. Elles doivent être mises en application, d’après le calendrier prévisionnel fourni par la CEF, entre la fin de l’année 2020 et l’année 2022.
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