Tout avait pourtant plutôt bien commencé pour Emmanuel Macron. "À la fin de l’année 2017, toutes les réformes concernant le droit du travail et la négociation ont été mises en œuvres avec les décrets d’application avant la fin de l’année", explique Bernard Vivier, le directeur de l’Institut supérieur du travail. Et puis progressivement, les choses se sont gâtées… "L’année 2018-2019 aurait été une année de réforme importante sur les retraites, le chômage mais tout ceci a patiné", explique-t-il.
C'est notamment la "séquence gilets jaunes" qui aura, finalement bien avant le coronavirus, "en partie raison d’Emmanuel Macron", selon le politologue Bruno Cautrès. "C’est depuis la crise des gilets jaunes que s’est installé le sentiment qu’on ne sait plus très bien où va l’exécutif", explique le politologue.
Alors parmi les premières victimes de la situation, Bruno Cautrès retient d’abord la réforme des institutions : "Ça a été le premier texte engagé en 2017, on voit que sur la réforme institutionnelle, aucune réforme n’a été engagée".
L’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage vient d’être repoussée au mois d’avril 2021, mais le Premier ministre, Jean Castex, a rappelé que le gouvernement ne voulait pas y renoncer. Le texte a été conçu à un moment où le chômage était en baisse et qu’il y avait des difficultés de recrutement. Il prévoit donc notamment un "bonus-malus" sectoriel pour pénaliser les entreprises qui abusent des contrats courts, mais aussi un durcissement de l’indemnisation du chômage.
Les partenaires sociaux aimeraient que cette réforme soit tout simplement abandonnée ; tout comme celle des retraites, pour laquelle les négociations étaient de toute façon mal engagées, comme le rappelle Yves Veyrier, le secrétaire général de Force Ouvrière. "Nous avons un très mauvais souvenir que c’est au moment de la crise sanitaire que le gouvernement profite du conseil des ministres pour se donner la possibilité d’agir par 49-3 pour faire passer la réforme des retraites à l’Assemblée nationale", raconte-t-il.
La conférence sur le financement du système de retraites, prévue entre les syndicats, a finalement à peine eu le temps de commencer avant d’être arrêtée par l’arrivée du coronavirus. L'activité syndicale, dans son ensemble, a aussi du mal à continuer dans ces conditions, selon Yves Veyrier. "On utilise les moyens modernes comme la visioconférence et on s’adapte à ce mode de réunion qui n’est pas idéal", regrette-t-il.
Les réformes sont donc à l’arrêt ; et elles n’ont que peu de chance de reprendre avant la fin du quinquennat. "Pour Emmanuel Macron, le projet de réélection en 2022 passe forcément par le fait de remettre la réforme des retraites. Je pense qu’il l’a en réserve pour le présenter pour un potentiel deuxième mandat", selon le politologue Bruno Cautrès.
Et en attendant, les seules négociations actuellement en cours concernent l’encadrement du télétravail. Sur ce point, les partenaires sociaux se sont donnés jusqu’au 23 novembre pour conclure un accord national interprofessionnel.
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