L'hôpital public est arrivé à saturation. En vingt ans, les services d’urgences ont vu leur fréquentation doubler pour atteindre 21 millions de passages. Depuis 2005, près de 10 milliards d’euros d’économies ont été demandées aux hôpitaux publics. Pourtant, plus de la moitié des établissements sont aujourd’hui dans le rouge. Fermetures de lits au profit de l’ambulatoire, fermetures de maternités, heures d’attente aux urgences avec des couloirs surchargés.
Et les différentes annonces faites par la ministre de la Santé ces derniers mois n'ont pas calmé la colère. Les services d'urgences ont été rejoints par des syndicats de médecins, des infirmiers de bloc opératoire, des étudiants en médecine. Tous réclament l'équivalent d'un plan Marshall pour l'hôpital : des ouvertures de lits, des recrutements, des augmentations de salaire ainsi que l'arrêt de la facturation à l'acte.
Pour certains, le point de rupture a été atteint avec l'annonce du budget de la Sécurité sociale, qui limite la progression des dépenses de santé. Oui, c'est le "fameux" Ondam, Ondam pour objectif national des dépenses d'assurance maladie. Il s’agit de l’objectif de dépenses à ne pas dépasser en matière de soins de ville, d’hospitalisation et de médico-social.
Il est voté chaque année au Parlement au moment de la présentation de la loi de financement de la Sécurité sociale. Un texte qui est d'ailleurs examiné en ce moment en 1ère lecture au Sénat. L'Ondam a été fixé cette année à 2,1% pour l'hôpital. Un chiffre avec lequel les syndicats ne sont pas d'accord car il va entraîner un déficit des hôpitaux.
Et l'examen du budget de la Sécurité sociale au Sénat a connu mardi un démarrage chaotique, avec son blocage pendant quelques heures. Certains élus voulaient dire qu’il était absurde d'examiner un texte qui doit être modifié quelques heures après son adoption. Puisqu’Agnès Buzyn doit annoncer le 20 novembre prochain, au lendemain du vote du budget, de nouvelles mesures pour l'hôpital. Le niveau de l'Ondam devrait y être relevé. Ce qui rendrait caduc le texte voté la veille.
L’idée qui circule, notamment chez des députés mais aussi du côté du ministère de la Santé, est de transférer la dette, ou même une partie de la dette, à un fonds géré par l’État. Ce qui permettrait de dégager de l’argent immédiatement, et donc de débloquer des moyens aux hôpitaux. Mais pour le ministère de l’Économie et des Finances cela reviendrait aussi à alourdir la dette publique globale de la France, qui s’élève à 2.000 milliards d’euros.
On devrait en savoir plus lors des annonces de la ministre de la santé, le 20 novembre prochain. En attendant, les forces s'organisent pour faire pencher la balance. Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France, avec treize autres collègues, pointe les dégâts causés par "l’hôpital entreprise". Et s’inquiètent de la gestion des prochaines épidémies hivernales.
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