Sujet de prédilection des conversations, les vacances occupent un temps bien plus long que le séjour lui-même. Il est dans les têtes de la préparation jusqu'au souvenir, comme un moment réjouissant, parfois angoissant. Dans tous les cas, il dit quelque chose de nous-mêmes, de nos attentes, de nos rêves, de nos amitiés, et de nos familles, de notre rapport au travail et aux territoires. En Europe, que représente cette expérience de l'ailleurs ? Comment la prépare t'on et quel souvenir cultivons-nous ?
Les vacances dépassent largement le temps du séjour. Elles s'inscrivent dans une temporalité longue. "Les vacances, ce n'est pas simplement le temps du séjour, c'est aussi toutes ces pensées, ces songes de vacances, nourris de souvenir d'histoires par lesquels les familles vont chercher à retrouver ces moments de vacances, et faire du lien " explique Pierre Perier sociologue et professeur de sciences de l'éducation à l'Université Rennes 2, membre du laboratoire CREAD où il dirige le programme de recherche thématique "Socialisation, cultures et inégalités éducatives". Pour lui, l'imaginaire, l'expérience et le souvenir des vacances sont trois dimensions d'une même réalité.
Si les vacances occupent les conversations une bonne partie de l'année, c'est aussi parce que les manières de partir ont changé. Dans l'imaginaire collectif, les vacances restent associées à la conquête sociale marquée par les 5 semaines, une véritable pause, que traduisait le clivage juillet-août.
"Aujourd'hui on assiste surtout à une multiplication des courts séjours. C'est une logique de fractionnement" détaille Pierre Perier, l'auteur notamment de "Vacances populaires. Images, pratiques et mémoire" et membre du comité scientifique de la revue "Partances". Désormais, on part plus souvent, moins longtemps. "Les offres d'escapades et de virées se sont multipliées. La trêve estivale où l'activité cessait, comme dans l'industrie lourde, ou le bâtiment, n'est plus tout à fait la même".
Aujourd'hui on assiste surtout à une multiplication des courts séjours. C'est une logique de fractionnement
On ne part pas de la même façon partout en Europe, pas aussi longtemps, et pas à la même période. "En Europe, les séjours ont lieu tout au long de l'année. Plus de 8 voyages sur 10 s'effectuent dans le pays de résidence" note Valentin Ledroit, rédacteur pour toute "touteleurope.eu" , un think tank qui traite de l’actualité de l’Union européenne, avec pédagogie. Pour les départs à l'étranger, l'Espagne , l'Italie et la France arrivent en tête. Partout, et sans surprise, ce sont les 18 régions côtières qui attirent. Avec, de plus en plus, un attrait pour les vacances en zones rurales, "la tendance est très claire sur les plateformes de réservation" remarque Valentin Ledroit.
Les vacances sont-elles devenues un produit de consommation comme un autre ? Certes, on observe une véritable opportunité marchande : les offres d'animation, de séjour, de prestations, festival sont nombreuses "mais la consommation n'empêche pas le partage : on y recrée du lien social" note Pierre Périer.
Une limite : le sur-tourisme, c'est à dire la concentration dans le temps et l'espace. "En réaction, on observe une perte de vitesse du tourisme dans les grandes métropoles comme pour Berlin, Vienne ou Prague", détaille Valentin Ledroit.
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