La Commission européenne a donné son feu vert à la levée de toutes les restrictions mises en place pour lutter contre le Covid-19. A partir d’aujourd’hui, la majorité des pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen rouvrent donc leurs frontières. C’est le cas notamment de la France, de la Belgique ou encore de l’Allemagne. Certains l’ont fait avant cette date comme l’Italie, le 3 juin dernier, pour tenter de sauver sa saison touristique, un secteur qui représente 13% du PIB du pays.
La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont rouvert leurs frontières communes, encore plus tôt dès le 15 mai. A l'inverse, l'Espagne a décidé de ne rouvrir que le 21 juin ses frontières terrestres avec la France et le Portugal. Quant à la Grèce, dont le tourisme représente 20% du PIB , elle compte anticiper la réouverture des frontières extérieures de l'UE, en accueillant à partir d’aujourd’hui des touristes venant de plusieurs pays tiers, comme l'Australie, la Chine et la Corée du Sud. Une réouverture qui se fait au cas par cas sans réelle coordination. De quoi s’interroger sur la raison d’être de l’espace Schengen 35 ans après sa création.
Ce manque de coordination sur les frontières est un exemple parmi d’autres des divergences de vue entre Etats-membres de l’Union européenne pendant la crise sanitaire. Cette crise a une nouvelle fois mise à l’épreuve la solidarité entre les Etats-membres de l’Union européenne. Elle laissera des traces dans les mémoires notamment en Italie, épicentre de la crise en Europe, et qui a eu le sentiment d’être abandonnée par ses partenaires européens. Un sentiment déjà perçu d’ailleurs en Italie en 2015 au moment de la crise migratoire. L’addition de ces crises, migratoires, sanitaires et économique pourraient aiguiser les appétits des partis nationalistes européens. C’est en tout cas ce que craint Anaïs Voy-Gillis de l’Institut français de géopolitique, auteur de "L’union européenne à l’épreuve du nationalisme" (éd. du Rocher).
Mais si l’Union européenne a eu du mal à accorder ses violons au début de la crise sanitaire, elle est aussi capable de s’adapter. "L’Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises". C'est ce qu’écrivait Jean Monnet dans ses Mémoires. A l’heure où l’Union Européenne vit sa plus grande crise sanitaire et met au jour ses contradictions, elle finit malgré tout par avancer. C'est ce que rappelle Pierre Verluise, directeur du site géopolitique diploweb.com, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.
Après l’ouverture de ses frontières, l’Union européenne va devoir redresser la barre économique et relever plusieurs défis de taille comme l’explique sur RCF, Eric-André Martin chercheur à l’IFRI. Les défis sont d’ordre économique mais aussi sanitaire. L’Union européenne a sécurisé samedi son approvisionnement en vaccins contre le Covid-19. L’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Italie ont conclu un accord avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca qui garantit la fourniture de 400 millions de doses. Il prévoit l’approvisionnement de l’ensemble des pays membres de l’UE, ainsi que d’autres pays européens volontaires, dès qu’un vaccin contre le Covid-19 sera découvert.
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