« En cette période de rentrée pastorale, je suis heureux de vous adresser cette lettre dans laquelle je précise quelques grands chantiers qui vont nous occuper pendant les mois et les années à venir. Vous y trouverez certaines convictions que j’ai déjà exprimées, mais cela montre combien elles me paraissent importantes pour la vie de notre Eglise.
En 2009, notre diocèse s’est engagé dans un projet missionnaire « Communion pour la Mission » qui nous a conduits à fixer quatre orientations majeures pour rythmer la vie de notre diocèse : une Eglise qui accueille, une Eglise qui prie, une Eglise qui fait grandir, une Eglise qui rayonne. Chacune de ces orientations a fait le thème d’une année pastorale qui en a permis l’approfondissement.
Aucune de ces propositions n’est dépassée et la vie de notre diocèse reste enracinée dans ces objectifs et cette conviction : l’Eglise vit pour évangéliser.
Toujours à la recherche du bien à accomplir nous nous demandons souvent : qu’allons-nous faire ? Quel cap allons-nous nous fixer ? Quels chantiers allons-nous ouvrir ?
Notre objectif n’est jamais dépassé parce qu’il n’est jamais pleinement atteint : c’est l’annonce de l’Evangile ! Notre Eglise n’a pas d’autre but que de conduire à Jésus ceux qui ne le connaissent pas encore et de permettre à ceux qui le connaissent déjà d’approfondir toujours davantage leur relation avec Lui : « Viens, et vois » (Jn 1,46).
C’est cet objectif qui conduit notre diocèse à vivre un projet missionnaire. L’évangélisation n’est pas un gadget destiné à nous occuper pendant un an, elle est un impératif, une injonction du Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16,15). Elle est un commandement de Dieu, elle est la condition de notre joie de vivre.
Malheur à nous si nous n’annonçons pas l’Évangile ! C’est une nécessité qui s’impose à nous ! Saint Paul nous le rappelle (cf. 1Co 9,16). 3. Les événements de l’année écoulée qui nous ont fait vivre au rythme des drames qui l’ont endeuillée : attentats de Paris, attentat de Nice, assassinat du Père Hamel. La toile de fond sur laquelle ils se sont déroulés : radicalisation d’une jeunesse en mal de repères à qui notre société matérialiste n’a pas su proposer d’idéal élevé, est la preuve par l’absurde que l’évangélisation est une urgence vitale pour notre monde. La nature a horreur du vide.
L’Exhortation Apostolique du Pape François, « La Joie de l’Évangile », nous appelle avec vigueur à des conversions, à sortir du « on a toujours fait comme ça », à sortir de nos « incohérences », à vivre « une nouvelle étape évangélisatrice » et « un renouveau ecclésial qu’on ne peut différer », marqué par « la joie de la rencontre avec Jésus » (§ 4).
L’évangélisation ne peut être le fait de quelques spécialistes, ministres ordonnés, laïcs en mission ecclésiale. Elle est le fait de tous, inscrite dans l’ADN baptismal de tous les fidèles du Christ et de chacun d’entre eux, appelés à devenir, selon la belle expression du pape François, des « disciples-missionnaires ».
Pour ce faire, en ces jours de rentrée, des moyens nous sont plus particulièrement proposés dans quatre directions bien complémentaires. Je souhaite vivement qu’ils puissent vous accompagner dans les mois qui viennent.
A l’école des Actes des Apôtres
Nous devons inlassablement revenir aux fondements de la mission chrétienne : l’envoi en mission des disciples dans les Evangiles et les débuts de l’Eglise dans les Actes des Apôtres. Nous devons nous approprier le passé pour éclairer ce que nous avons à vivre aujourd’hui.
En effet, comment une communauté chrétienne peut-elle naître là où il n’y en a pas ? Comment peut-elle renaître là où il n’y en a plus ? Comment ont fait les apôtres et les missionnaires dans l’histoire de l’Eglise ? Comment discerner la présence et l’action de l’Esprit-Saint, dans sa nouveauté permanente, hier et aujourd’hui ?
Après nous avoir proposé l’Evangile de saint Luc dans le cadre de l’Année de la Miséricorde, le service diocésain de la formation permanente nous offre un parcours en 2 ans sur les Actes des Apôtres, à la lumière de l’Exhortation Apostolique « La Joie de l’Evangile », pour ancrer notre Eglise diocé- 4 Diocèse de Vannes Diocèse de Vannes saine dans sa mission d’annoncer l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui. Je ne saurais trop vous recommander de devenir les acteurs et les promoteurs des six rencontres annuelles qui seront proposées en divers lieux du diocèse.
Préparation au Mariage
L’évangélisation passe d’abord par la revitalisation de notre pastorale quotidienne. Dans notre diocèse, la demande des sacrements de l’Eglise marque encore pour beaucoup les grandes étapes de la vie humaine. La naissance, l’amour et la mort restent liés à une intervention de la communauté ecclésiale : baptême, sacrement du mariage, funérailles chrétiennes.
Un travail a déjà été accompli pour la préparation au baptême. La formation autour des funérailles se poursuit. Dans la perspective d’Amoris Laetitia, la préparation au mariage doit être renouvelée. « L’importance de la préparation implique un processus d’évangélisation par le mûrissement et l’approfondissement de la foi. Si la foi est faible ou quasiment inexistante, il faut alors la raviver et cela peut nécessiter une instruction exigeante et patiente qui suscite et alimente l’ardeur d’une foi vivante. Dans les milieux paganisés, en particulier, il sera particulièrement bon de conseiller un chemin de foi analogue au Catéchuménat » (Conseil Pontifical pour la Famille, Préparation au sacrement de Mariage, n°2).
Le service diocésain de la pastorale familiale, à la suite d’un travail sur le terrain avec les acteurs de la préparation au mariage, nous offrira des pistes et des moyens en vue d’un renouvellement de nos pratiques.
La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres (cf. Lc 7,22)
Dès l’Ancien Testament, c’est un des signes de l’instauration du Royaume (Is 61,1). La Diaconie diocé-saine nous rappelle que la charité n’est ni une option, ni seulement l’affaire d’organismes spécialisés. Tout comme l’évangélisation, elle est inscrite dans notre baptême. Il n’y a pas de vie chrétienne sans le service du frère dans le besoin : parmi les Dons de Dieu, la voie supérieure c'est la charité ( cf. 1Co 12,31).
Le pape François nous le rappelle : « Dieu s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté. Pour cette raison je désire une Eglise pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. Il est nécessaire que nous nous laissions évangéliser par eux. La nouvelle évangélisation est une invitation à les mettre au centre du cheminement de l’Eglise… Que dans toutes les communautés chrétiennes les pauvres se sentent chez eux » (La Joie de l’Evangile, § 198).
Pour éclairer nos actions, la Diaconie diocésaine nous aidera à nous interroger sur leur place dans nos pastorales, en favorisant notamment des partages avec eux autour de la Parole de Dieu, en nous mettant toujours plus à leur écoute : Dieu nous parle aussi par les pauvres.
Témoin d’hier et engagement d’aujourd’hui : Saint Vincent Ferrier
En 2019, nous célèbrerons le 6ème centenaire de la mort à Vannes de saint Vincent Ferrier. Il faut commencer à nous y préparer. Cet anniversaire ne sera pas une exaltation « vanneto-centrée » d’un passé révolu, mais un grand événement d’Eglise à inscrire dans notre dynamique missionnaire pour lui donner un souffle nouveau.
Grand évangélisateur de l’Europe, saint Vincent Ferrier a consacré la dernière année de sa vie à évangéliser la Bretagne où il est mort. Il n’y a pas un pays de notre diocèse qui ne conserve le souvenir de son passage, de sa prédication, de son amour de l’unité, de son attention aux plus faibles, des communautés de convertis qui le suivaient… Dépositaire de ses reliques, notre diocèse aura un rôle important à jouer dans la célébration de l’anniversaire de sa mort. Dès maintenant, apprenons à le connaître pour qu’il soit source d’inspiration pour l’évangélisation.
Les saints ne peuvent jamais être réduits à l’époque où ils ont vécu. Ils ne se laissent pas figer dans le passé. S’il peut arriver qu’ils nous semblent en 6 décalage par rapport à notre temps, c’est un décalage vers l’avenir. Ils nous attendent toujours au croisement suivant pour nous montrer la route qu’il nous reste à parcourir…
Conclusion
Je laisse le Pape François conclure : « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités… Si quelque chose doit maintenant nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles alors que dehors il y a une multitude affamée et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez- leur vous-mêmes à manger » (Mc 6,37) » (La Joie de l’Evangile, § 49).
A toutes et à tous, je souhaite une bonne rentrée pastorale animée par l’Espérance que nous donne la Foi. A Sainte-Anne-d’Auray, le 17 septembre 2016."
† Raymond Centène, Evêque de Vannes.
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