Jusqu'en janvier 2024, la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris accueille l'exposition "Ville de demain" conçue par la fondation Solar Impulse. En résonance avec cette actualité, Julien Dezécot, directeur de publication du média Sans transition ! évoque cette anticipation d’utilité publique.
D’ici 2050, la France s’est fixée pour objectif de ne plus artificialiser ses sols. Face à l’urgence climatique et la crise de la biodiversité, il s'agit d'un point clé en faveur de la ville de demain.
La densification urbaine est l’une des manières de parvenir à des cités écologiques, en empêchant les villes de s'étaler. Mais leur adaptation aux changements climatiques implique également de laisser plus de place à la biodiversité. Une équation difficile que cherchent à résoudre les aménageurs. L’artificialisation des sols est considérée comme l’une des premières causes de l’érosion de la biodiversité. 63 % de l’artificialisation est destinée à l’habitat et 30 % à l'activité économique.
Plus une ville est artificialisée, plus elle est vulnérable aux changements climatiques. En même temps, la protection des zones naturelles et agricoles implique que les villes cessent de s’étendre, en réintroduisant la nature pour lutter, par exemple, contre les îlots de chaleur. Faire converger la densité avec la renaturation s’avère un véritable défi pour les collectivités.
La première étape vise à identifier les enjeux écologiques et d’éviter au maximum les impacts des nouveaux projets de construction. Autrement dit, chaque commune doit mieux connaître les espèces locales qui prospèrent sur son territoire, afin de mettre en place des solutions concrètes. Illustration à Marseille, où les friches urbaines ont fait l'objet d’une étude pour savoir si elles abritent de la biodiversité. Mais lorsque la nature s’y est développée, tout raser devient contre-productif.
En fonction du degré de pollution, certaines friches sont utilisées pour la production d’énergie avec l’installation de panneaux solaires, d’autres vont être concernées par des projets de tiers-lieux ou transformées en zones naturelles. À Volonne (04), la commune est ainsi parvenue à construire un éco-quartier pour accueillir du logement, des commerces, une maison de santé, tout en respectant au maximum la nature existante dans une logique de désimperméabilisation.
Une étude américaine montre que 30 % d’espaces végétalisés dans un rayon de 250 mètres autour des habitations est nécessaire pour la bonne santé des espèces et des habitants. De nombreux programmes de recherche sont en cours en France. À Strasbourg et Dijon, des projets scrutent comment réagissent les pollinisateurs et la flore locale à l’échelle d’un quartier. Objectif : mieux comprendre s’il est possible d’installer des écosystèmes dans la ville, sur les trottoirs, aux pieds des murs ou dans les cours d’immeubles. Et ce, pour limiter le morcellement des espaces verts qui rend difficile la survie des espèces sans intervention humaine.
En attendant que les résultats scientifiques se traduisent en projets politiques, les collectivités doivent composer avec un cadre légal qui ne facilite par leur action. D’un côté, la loi Climat et résilience prévoit une diminution de la vitesse d’artificialisation par deux d’ici 2030. Alors qu’à ce jour, la tendance est plutôt à l'accélération de l’étalement urbain : entre 20 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. Les objectifs de la loi climat ne sont pas encore intégrés dans les documents de planification locaux. De fait, on est encore dans la mise en œuvre des Plans locaux d’urbanisme conçus, pour certains, il y a une dizaine d’années. Désormais l’urgence devient politique pour faciliter la transformation de nos villes face à l’urgence climatique et la crise de la biodiversité.
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