Rassemblement et manifestations sont prévues ce jeudi 15 novembre alors que patients et personnels sont en attente de mesures concrètes de la part du gouvernement. Le système de système de santé est devenu fragile. Mais pour la psychiatrie c'est encore plus difficile.
Cela fait plusieurs années déjà que les personnels médicaux et les associations de patients tirent la sonnette d'alarme. Suppressions de lits, manque d'effectifs, lacunes dans le suivi des patients, disparités géographiques dans l'offre de soins, difficultés sur la prévention. Les maux sont nombreux.
En clair, la psychiatrie ne peut pas faire face à l'évolution des pathologies mentales dans notre société. Douze millions de Français en souffrent à des degrés divers, de la dépression à la schizophrénie en passant par l'anxiété, les addictions et les conduites à risque. Et comme pour la médecine classique, c'est aux urgences que l'on jauge l'ampleur du problème, comme l'explique Marc Auret responsable syndical CGT à l'hôpital du Vinatier près de Lyon.
Amiens, Niort, Rennes, Le Havre... La liste des mouvements dans les hôpitaux psychiatriques est longue, depuis un an. Le point d'orgue, c'était en mai dernier avec des salariés en grève de la faim à l'hôpital du Rouvray à coté de Rouen. Ils demandaient des postes supplémentaires de soignants. Ils ont fini par obtenir en partie gain de cause. Jean-Yves Hermand, délégué syndical CFDT, était l'un de ces grévistes de la faim. Pour lui, cet hôpital est très représentatif de la situation globale de la psychiatrie dans le pays.
La psychiatrie malade, cela n'a pas toujours été le cas. La France reste l'un des pays d'Europe les mieux dotés en psychiatres. Il y a une trentaine d'année, notre système était même un exemple mondial. Au fil du temps et des alternances politiques, il s'est délité comme le rappelle le professeur Pierre-Michel Llorca, psychiatre chef de service au CHU de Clermont-Ferrand, co-auteur de "Psychiatrie, l'état d'urgence" (éd.Fayard).
Pour ce spécialiste, l'organisation de la psychiatrie est toujours "un labyrinthe" qui empêche l'harmonisation des pratiques. Depuis les années 90, 60.000 lits ont été supprimés et remplacés par un système ambulatoire où se font majoritairement les soins aujourd’hui. Mais dans certains départements, il n'y a pas assez de lits, et dans d'autres pas assez de moyens en ambulatoire. Au détriment des patients.
Souffrance pour les patients mais également souffrance pour les soignants. En dépression, en burnout, certains mettent fin à leurs jours. Le plus souvent dégoûtés par ce qu'ils n'arrivent plus à faire pour les malades, indique Jean-Marc Hernand. Une situation qui a forcé la ministre de la Santé à réagir.
En juillet dernier, Agnès Buzyn a publié une feuille de route sur la santé mentale. A la fin du mois de septembre dernier, le Plan Santé érigeait la psychiatrie comme sujet prioritaire. Aujourd'hui, les syndicats attendent du concret. Le professeur Pierre Michel Llorca propose quant à lui plusieurs mesures dont une qui pourrait s'inspirer de ce qui a été fait pour le cancer il y a quelques décennies.
Coté syndicats, certains souhaiterait des Etats Généraux de la Psychiatrie. Quoi qu'il en soit, le chantier concernera autant les budgets que les pratiques médicales. Marc Auret rappelle aussi que la maladie mentale n'est pas comme les autres et que les politiques doivent cesser de calquer le modèle économique sur l'hôpital général.
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