L'indice des prix à la consommation a progressé de 1,9 % au mois d’août en France selon les données publiées par l’Insee le 30 août 2024. Elle passe sous les 2 % pour la première fois depuis 3 ans.
L’inflation qui passe enfin sous la barre des 2 %, c’est une bonne nouvelle selon l’économiste Philippe Moati : "C'est un cap symbolique parce qu'on sait bien que, de manière un peu arbitraire, on considère qu'un niveau d'inflation normal se situe en dessous des 2 %. Donc, là, on l'attendait et on y est enfin." Passer ce cap est un pas de plus en direction de la sortie de la crise inflationniste.
Une bonne nouvelle pour cette rentrée, mais qui reste tout de même à nuancer. "La désinflation ne veut pas dire baisse des prix, ça veut simplement dire que l'augmentation des prix se fait à un rythme beaucoup plus raisonnable et que le gros des augmentations qu'on a connues dans le passé, notamment sur les produits alimentaires, sont appelées à être pérennisées. Sur le marché alimentaire, on voit des toutes petites baisses, mais on continue de rester à des niveaux de prix qui restent très élevés, ce qui a obéré le pouvoir d'achat des ménages", explique Philippe Moati (cofondateur de l’Observatoire société et consommation).
Une des raisons de ce ralentissement de l’inflation est la baisse des prix de l’énergie. Ce retour à la normale s’est fait grâce à un rééquilibrage de l’économie mondiale entre l’offre et la demande : "L'économie mondiale s'est ralentie, notamment par les politiques monétaires qui ont été mises en place, qui visaient à refroidir un peu le réacteur. Et puis les capacités d'offres se sont progressivement rétablies. Et en ce moment, très conjoncturellement, le ralentissement de l'économie chinoise contribue à apaiser un peu les choses, et notamment sur le front énergétique. On voit que, notamment, le prix du pétrole a sensiblement diminué. On est quand même sur des choses qui sont assez volatiles. Les matières premières sont très sensibles à ces ajustements entre l’offre et la demande. Et pour l'instant ça joue plutôt positivement. Demain ça pourrait se retourner, on le voit d'ailleurs sur certaines matières alimentaires importées, les cours sont en train de monter”, développe l'économiste.
Mais si l’on exclut l’énergie du calcul de l’indice des prix, la diminution de l’inflation est toujours visible. "Si on veut se prononcer sur la réalité de l'inflation, il faut raisonner sur ce qu'on appelle l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire qu'on élimine de l'indice des prix tous les produits qui sont sensibles à ces désajustements temporaires entre l'offre et la demande, complète Philippe Moati, et si on considère cette donnée (que l'Insee n'a pas calculée pour le mois d'août, mais qu'on a pour le mois de juillet) là aussi les chiffres sont très rassurants. On est vraiment en train de décroître très sensiblement d'une manière structurelle, ce qui veut dire que la composante strictement monétaire de l'inflation est en train de disparaître."
Les nouveaux chiffres de l’inflation sont donc une bonne nouvelle pour cette rentrée. Ils correspondent d’ailleurs à une réalité observée dans d’autres pays européens et aux Etats-Unis. La page de la crise inflationniste semble donc tournée, même s’il faut rester vigilant, comme le pointe Philippe Moati le contexte en France ou à l’étranger pourrait relancer l’inflation très rapidement.
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