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Livraison de courses en 10 minutes : l'essor du "quick commerce" en France

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 14 décembre 2021 - Modifié le 14 décembre 2021
Le dossier de la rédactionL'essor des livraisons ultra-rapides en France

Se faire livrer des fruits, de l'alcool ou du papier toilette, à vélo en 10 minutes, après trois clics depuis un smartphone. C'est la promesse des nouvelles start-ups Flink, Cajoo, Gorillas ou encore Getir. Elles ne sont présentes que dans les grandes villes mais comptent bien se développer. 

Panier de légumes. ©UnsplashPanier de légumes. ©Unsplash

C’est seulement dans les grandes villes que l'on retrouve ces offres du "quick commerce". À Paris pour la majorité. Cajoo et Gorillas sont, elles, disponibles aussi à Lyon, Bordeaux, Lille, Toulouse ou encore Montpellier. Avec la promesse de livrer les courses à domicile, 10 minutes après avoir passé commande depuis un smartphone, et ce par un livreur à vélo. Qu’il s’agisse de légumes, de viande, d’alcool ou encore de papier toilette, presque tout est disponible sur ces applications. Avec des frais de livraison : environ 1,80 euros par exemple pour Flink. 

 

"On vend du confort"

 

Ensuite, les commandes sont préparées dans des entrepôts fermés au public que les entreprises appellent "dark stores". Ils sont implantées stratégiquement dans les villes de sorte à ce que les livreurs n’aient pas plus de 10 minutes à vélo pour livrer les produits. Pour les clients, cela représente un vrai gain de temps. "Quand je sors du travail, je n’ai pas le temps de passer faire des courses et porter des sacs qui peuvent être lourds. Puis, comme ça, pendant que je fais ma commande, je cuisine ou je range un peu", témoigne Berka, 24 ans, étudiante en alternance, qui commande occasionnellement sur l’application Flink, disponible entre 8 h et minuit. 

 

D’autres plateformes ont une plage horaire de livraison encore plus large. Cajoo, la seule entreprise française sur ce marché, alliée depuis peu au groupe Carrefour, propose des livraisons de 7 h à 2 h du matin. Toujours avec autant de rapidité. Mais son cofondateur veut surtout vendre du confort à ses clients pour qui les courses peuvent s’apparenter à une corvée. "On décharge les clients de toute une logistique. C’est important de livrer vite. Néanmoins, ce qu’on vend d’abord c’est du confort. Ce que veut le client c’est avoir accès à tous les produits qu’il aurait pu trouver dans un magasin de proximité, mais aussi chez son caviste, dans sa boulangerie. Il va pouvoir tout retrouver dans une seule application sans se poser la question d’où et de quand", explique Henri Capoul, PDG de Cajoo.

 

Un confort absolu vendu à des clients qui sont en très grande majorité des jeunes de moins de 35 ans, urbains et de catégorie socioprofessionnelle plutôt favorisée. 

 

Un statut plus favorable pour les salariés

 

Contrairement aux plateformes de livraisons de repas comme Uber Eats, Deliveroo ou Just Eat, les livreurs sont des salariés et pas des auto-entrepreneurs. C’est là-dessus que les entreprises veulent se démarquer : avec des vrais contrats et pas des statuts précaires où les livreurs ne cotisent pas et sont payés à la commande. "100 % des salariés Gorillas sont en CDI pour donner des conditions de travail qui soient stables, qui permettent de progresser au sein de l’entreprise, qui permettent de délivrer la meilleure expérience et la meilleure qualité aux clients", affirme Paul Choppin de Janvry, porte-parole de Gorillas France, une entreprise née à Berlin en Allemagne.

 

Un statut certes sûr. Mais pas de quoi en faire un argument de vente pour autant. "On n’a pas de raison de féliciter un employeur de prétendre respecter le code du travail, affirme Ludovic Rioux, livreur à vélo, en charge du secteur des plateformes de livraisons pour la fédération CGT des transports. Et quand on creuse, on se rend compte que c’est plus compliqué que ça. On va avoir des entreprises comme Cajoo qui vont favoriser très grandement le recours à des contrats d’intérim plutôt qu’à du salariat internalisé à la boîte donc il y a quand même une forme de précarité importante."

 

Toutefois, le livreur souligne que les conditions de travail restent bien plus enviables que dans les plateformes qui "abusent du statut d’auto-entrepreneur". Les employés sont généralement payés à hauteur du SMIC et leurs vélos sont fournis par les employeurs.

 

Une "économie de la flemme"

 

Si le quick commerce attire une clientèle, cela s'explique d'abord par la prégnance du numérique depuis des années et l’habitude d’avoir tout à portée de main, à la demande, comme pour regarder des films ou des séries. Le confinement aussi a pu avoir des conséquences. "C’est une forme d’expression de l’impatience qui règne dans la société, cultivée par les acteurs de l’offre. Quand on est capable de faire naître le désir, c’est important de le satisfaire rapidement. [...] C’est une sorte d’économie de la flemme donc il y a une clientèle pour ça", analyse l’économiste Philippe Moati, cofondateur de l’Observatoire Société & Consommation (ObSoCo).

 

Un petit marché qui doit encore se structurer. Mais les entreprises, très jeunes, se développent très vite. Flink par exemple, vient de lever 750 millions de dollars.
 

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