L’institution bientôt centenaire avait été pointée du doigt par la municipalité dès son arrivée en 2020 : problèmes de gouvernance (8 directeurs en 10 ans s’y sont succédés), vacance chronique des logements, et marges de manœuvres financières limitées ou inexistantes. Devenue une SEM (société d’économie mixte), l’ancien office public de Metz qui a vu arriver CDC Habitat – filiale de la Caisse des dépôts et consignations - au capital, poursuit sa révolution.
« On est dans la volonté de redonner du lustre à cette belle maison, ce qui nous permettra de montrer pendant toute l’année 2024, celle du centenaire, les progressions réalisées » Anne Frischt-Renard, la présidente de la SEM Eurométropole Metz Habitat (EMH) ne cherche pas à cacher les difficultés encore récentes. Mais les 35 millions d’Euros apportés avec l’arrivée de CDC Habitat permettent d’envisager un grand plan d’investissement « qui pourrait aller jusqu’à 500 millions d’Euros d’investissements sur les 10 à 12 prochaines années » confirme Pascal Courtinot, le directeur général. Premier objectif : répondre à l’enjeu énergétique et écologique, car le parc de logements hérité des trente glorieuses n’est naturellement pas exemplaire de ce côté-là, « et si nous ne pouvions, nous envisagerions même des constructions plus récentes qui ne sont pas aux normes actuelles ; mais le chauffage collectif nous permet de gagner quelques points. »
Redevenir une référence
La transition écologique, c’est aussi cet impératif de « réinventer la ville sur elle-même », afin de répondre aux objectifs du « zéro artificialisation nette » fixé par la loi. Et comme nous l’explique Emmanuelle Abeya, la directrice du Patrimoine et de l’Immobilier de la SEM EMH, doit réinventer son modèle : son avenir se trouve en partie dans les cœurs de villes, dans les « dents creuses » et avec de grandes réhabilitations de friches urbaines. Et les dirigeants de EMH y tiennent : l’entreprise doit être à nouveau présente sur de grands marchés structurants et symboliques, et pour ce faire, elle doit redevenir la référence locale du logement social quand un promoteur cherche un partenaire, et naturellement quand un résident cherche un logement. « Un défi titanesque » lâche avec un sourire la présidente.
Répondre à l’attente des clients
Pour remplir les trop nombreux logements vacants, la SEM EMH va donc rénover, mais également travailler sur les attentes des résidents, « qui doivent pouvoir rentrer chez eux et inviter des amis en étant fiers de leur immeuble, et avec une qualité résidentielle équivalente au privé ». Un cap donné par la directrice du patrimoine, qui met également en avant la sécurité, et ce qui est l’ADN de l’organisation : ne pas seulement offrir un logement, mais une offre locative sociale et « participative ». En pratique : de l’accompagnement pour s’installer ou déménager, des initiatives pour sensibiliser à l’écologie, bientôt une offre de mutuelle groupée, et une nouvelle « agence numérique » c’est-à-dire une application à même de déclencher certaines démarches ou même de suivre les travaux à réaliser ; « en plus de l’offre physique, car nos clients ont besoin de la proximité ». Emmanuelle Abeya met également en avant une perspective sociétale : les bailleurs sociaux doivent rapidement repenser leur offre pour une population plus âgée. La création d’appartements plus petits, des ascenseurs et autres aménagements de vie : on comprend les besoins financiers nécessaires pour rester dans la course…
Un secteur en plein bouleversement
L’arrivée de CDC Habitat dans le paysage mosellan permettra donc à l’ex-OPAC de répondre à ses besoins d’endettement. Ce mouvement correspond également à une tendance forte du secteur : le regroupement. Du côté de Thionville, c’est vers Moselis que s’est penché l’OPAC, alors que du côté du privé, Vivest est incontournable. Tous ces acteurs doivent répondre au même besoin d’investissement pour mettre les habitations aux normes actuelles et à venir. Des milliards d’Euros sont donc nécessaires, mais pas seulement : si la SEM EMH est un gros donneur d’ordre pour le BTP local, la commande n’est que le début du travail. Assurer les livraisons, la qualité, les délais et le suivi n’est pas la moindre des choses, alors que la question des matériaux reste tendue, l’inflation une réalité, et que les entreprises peinent à garder les compétences.
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