Spécialiste français de l’alimentation, Gilles Fumey, géographe, spécialiste de l’alimentation, auteur de "l’Atlas de l’alimentation" (CNRS Editions), n’en a pas moins boudé les Etats Généraux de l’Alimentation. "On a des gens qui ne devraient pas être dans les instances, je pense à l’industrie ou à la distribution. On a l’impression que ce sont eux qui commandent. On parle notamment des prix. Les prix ont été instrumentalisés par les grands distributeurs qui les ont constamment, au nom du pouvoir d’achat, tirés vers le bas. On a des agriculteurs qui souffrent, des gens qui mangent de moins en moins bien, et une qualité qui s’est dégradée" lance-t-il notamment.
La grande distribution fait pourtant partie des acteurs majeurs de la filière alimentation. Ce que ne renie pas Gilles Fumey, qui ajoute cependant "qu’il faut constamment encadrer leurs pratiques. On les retrouve constamment devant les tribunaux. Il y a des pratiques qui ne sont pas loyales. Ce secteur s’est installé durant les 30 glorieuses autour des villes. Et on trouve des gens qui sont dépendants de la grande distribution. La grande distribution, très présente dans les médias, doit être remise à sa place. Elle a contribué au fait qu’il ait fallu mettre en place des Etats Généraux et légiférer".
Pour Gilles Fumey, il ne fait aucun doute que les grands oubliés de ces Etats Généraux, ce sont les consommateurs. "Ce sont plus des Etats Généraux de l’Agriculture. Mme Christiane Lambert a insisté sur le rôle que les agriculteurs avaient à jouer dans le secteur. C’est normal, mais à l’autre bout, dans la restauration collective, on n’est pas dans les clous. Mais ce qui est regrettable, c’est que Monsieur Macron ne fait pas ce qu’il dit dans ce secteur" précise le géographe.
D’un point de vue agricole, Gilles Fumey est particulièrement critique à l’encontre de Stéphane Travers, le ministre de l’Agriculture, qui bloque tout ce qui pourrait faire évoluer l’agriculture vers plus de respect de l’environnement, et donc de l’alimentation. Il cite notamment le cas du glyphosate, mais également d’additifs interdits aux Etats-Unis, et légalisés en France.
"Cette agriculture, je la rêve avec des paysans heureux de travailler, des gens qui ne soient pas soumis à des diktats, des paysans qui ne soient pas subventionnés par l’Union européenne, qui soient relativement protégés par des règlements sur les circuits commerciaux, et une agriculture en phase avec ce que les gens souhaitent. On veut des produits propres" lance le géographe, qui indique, au niveau des prix de l’alimentation, qu’il faut changer de braquet et repenser notre mode de consommation alimentaire.
Pour conclure sur le projet de loi débattu actuellement par les députés, Gilles Fumey affirme "que tout le monde va vite se rendre compte qu’elle n’est pas suffisante et qu’il faudra sans doute se remettre au travail. Le sursaut viendra des consommateurs".
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