"C’est une grossière erreur de perception et un mauvais calcul politique. L’immigration est une chose. L’asile en est une autre. L’immigration est codifiée par des textes qui sont propres aux mouvements migratoires. L’asile est régi par d’autres textes, en particulier la Convention de Genève. Les cas ne sont pas traités de la même manière" explique âSmaïn Laacher, sociologue, spécialiste des migrants, ancien juge de la Cour nationale du droit d’asile, auteur de "Croire à l’incroyable, un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile" (éd. Gallimard).
Certaines associations affirment aujourd’hui que la distinction entre le migrant économique et le migrant politique n’est plus valable. "Ils peuvent le dire. Je pense que c’est relativement facile. En France, en aucun cas, il faut mélanger ces deux catégories. Il faut impérativement les séparer. Il est vrai en revanche que pendant le trajet, dans le pays d’origine, il peut y avoir des difficultés à distinguer ceux qui relèveraient d’une immigration de travail et ceux qui relèveraient d’un droit à l’asile. Le HCR s’en est d’ailleurs bien aperçu. Pour lui, il y a les flux mixtes, et les mouvements secondaires" ajoute ce sociologue.
Sur le fond, le projet de loi inquiète ces associations. Pour Smaïn Laacher, il ne faut aucun doute que "la philosophie générale, c’est la restriction. Tout le monde est d’accord là-dessus à commencer par ceux qui ont réfléchi et proposé cette loi. L’obsession politique est de freiner au maximum ce que les autorités appellent un dévoiement de l’asile. On dit que le droit d’asile est instrumentalisé. Fondamentalement je ne le pense pas, bien que certaines personnes puissent instrumentaliser ce droit. Mais si on commence à toucher au droit d’asile, de toute façon, il sera modifié par le bas" précise l'ancien juge de la Cour nationale du droit d'asile.
Malgré cela, il y a un certain nombre d’améliorations à relever dans ce texte. "On pourrait diviser en trois parties cette loi, ce qui concerne l’asile, ce qui concerne l’immigration clandestine, et le séjour. Pour l’asile et l’immigration clandestine, la restriction est totalement visible. A l’image du raccourcissement des délais de recours. Pourtant il y a des populations à protéger, comme par exemple les homosexuels" conclut-il.
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