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L’orthographe ? "Les réformes l’ont tuer"

RCF,  - Modifié le 11 septembre 2018
Chaque mardi Laurence Devillairs nous propose son regard philosophique sur l'actualité.
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Nous sommes en 1635. L’Académie française vient d’être créée. Son objectif ? « Travailler à la pureté de la langue ». On assiste alors à une mise en ordre générale du français. On supprime les lettres muettes, on impose le pluriel avec un « s » et non plus un « z », on remplace partout l’« y » par un « i ». On cherche à rapprocher le plus possible l’orthographe de la prononciation. A faire en sorte que ça s’écrive comme ça se prononce.

C’est aussi ce que certains souhaitent de nos jours, à propos de l’accord des participes passés… Oui, de nos jours encore, il s’agit de rapprocher l’orthographe de la prononciation. De privilégier l’usage, la commodité, sur la logique et la grammaire. Accorder les participes passés est jugé trop compliqué, trop encombrant et parfaitement inutile. 

L’orthographe serait donc inutilement compliquée… ? Oui, l’orthographe est compliquée. Oui, l’orthographe est inutilement compliquée. Mais pourquoi vouloir toujours privilégier ce qui est facile, ce qui se dit au détriment du complexe et de l’inutile ? La beauté aussi est inutile, la réflexion est compliquée, mais faut-il pour autant tout simplifier, tout supprimer ? La beauté de la langue, c’est aussi tout ce qui ne se prononce pas, héritage du passé, du latin et de règles anciennes. La beauté d’une langue, c’est sa richesse, sa bigarrure, ses bizarreries, ses règles aussi.

Tout ce qui fait réfléchir, tout ce qui s’apprend est compliqué. Allons-nous pour autant dire que c’est inutile ? Allons-nous tout lisser, tout uniformiser ?  Déjà, au XVIIe siècle, au moment des réformes de l’orthographe, un grand intellectuel comme Fénelon, s’insurgeait : « On a appauvri, desséché notre langue…, déclare-t-il, on a exclu toute surprise, toute variété ». A sa suite, je revendique le droit au compliqué et à l’accord des participes passés. 

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