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L'université des murmures
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L'université des murmures

RCF,  -  Modifié le 9 janvier 2021
En ce début d'année, Véronique Margron nous raconte l'histoire d'Omar Alshogre, qui a survécu a` la torture, la faim et la mort dans les geôles syriennes.
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Être admis aÌ€ la prestigieuse université́ de Georgetown-Washington est une source de fierté́ pour tout étudiant américain. Mais voilà qu’il s’agit d’un jeune Syrien de 25ans,  Omar Alshogre, qui a survécu aÌ€ la torture, la faim et la mort dans  les geôles syriennes.

L’enfance d’Omar s’achève le 18 mars 2011, il a alors 15 ans et manifeste avec toute une foule contre le régime de Bachar Al Assad. Il est arrêté et torturé. Il le sera à de nombreuses reprises jusqu’à être en détention secrète durant plus de trois ans, torturé tous les jours, voyant mourir deux de ses cousins. Il raconte alors comment les « murmures le sauvent » : « Parmi les détenus, il y avait des docteurs, qui m’ont appris aÌ€ prendre soin de mes plaies, et des psychologues, qui m’ont enseigné comment m’adapter aÌ€ la torture. Quand j’ai eu l’âge d’entrer aÌ€ l’université́, j’ai commencé́ aÌ€ appeler ces échanges ‘‘l’université́ des murmures’’. C’était un moyen de normaliser la situation, de se dire qu’après la séance de torture, on ne rentrait pas dans une cellule obscure mais dans un lieu ouÌ€ on pouvait échanger et apprendre.»
 
Omar emporte « l’université́ des murmures » avec lui. Il sera libéré  en juin 2015 grâce à un pot-de vin de 20. 000 dollars réglé par sa famille, il pèse alors 43 kgs et est atteint de la tuberculose.
Quelques années plus tard il s’exile en Suède, multipliant les conférences et témoignant de ce qu’il a vécu dans l’enfer carcéral auprès des juges qui enquêtent sur les crimes commis en Syrie.
Aujourd’hui c’est donc dans la prestigieuse université de Georgetown qu’il est admis pour commencer 4 ans de cursus sur les affaires internationales. Formation qu’il ne fera pas sans poursuivre son engagement corps et âme en faveur des droits humains dans son pays. Ce que j’ai appris en prison est suffisant pour survivre jusqu’aÌ€ la fin de ma vie »
Bouleversant parcours d’Omar, grâce aussi à celles et ceux qui, sur ce chemin sans tracé ont été et sont à ses côtés.
 
En ce début d’année voici une belle invitation : quelle est notre université des murmures ? Non des murmures qui tuent, mais au contraire de cette rumeur qui soutient la vie, le courage,  l’espérance envers et contre tout. Rumeur indispensable en ces temps de tension que celle qui pousse à croire, se dépasser, s’impliquer et se désolidariser. Une rumeur qui fait devenir meilleur.
Voilà mes vœux à vous tous, auditeurs de RCF et de ce édito du dimanche matin, ce dont je vous remercie avec gratitude. Faisons courir cette rumeur : nous pouvons nous en sortir, ensemble,  et l’avenir n’est jamais clos.

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Émission L'édito de Sr Véronique Margron © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'édito de Sr Véronique Margron

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