Etablissement à taille humaine, le Lycée Auguste Aymard d'Espaly-Saint-Marcel, est dans la tourmente depuis le début du mois de mai 2024. Lors d'une réunion en présence des services du Rectorat et de la Région Auvergne Rhône Alpes l'équipe enseignante apprenait que la rentrée de septembre 2024 serait la dernière. Une fermeture à laquelle s'oppose le président de région Laurent Wauquiez.
Vous êtes venu rencontrer l'équipe du lycée Auguste Aymard, menacé de fermeture en raison de ses faibles effectifs. Quel message êtes-vous venu leur donner ?
Je suis venu leur dire que je m'oppose fermement à la fermeture du lycée. Un lycée à taille humaine n'est pas un défaut, mais un atout. Ce n'est pas un inconvénient, mais une chance. Les jeunes qui entrent ici ont parfois perdu confiance en leur parcours, et avoir des classes à effectifs raisonnables est une véritable opportunité. De plus, nous sommes dans un lycée qui forme aux métiers du bâtiment, et ces compétences sont essentielles. Fermer des filières dans des domaines où les jeunes trouvent facilement un emploi serait une grave erreur ! Comme me l'ont rappelé les enseignants, beaucoup d'anciens élèves ont créé une entreprise après avoir terminé leur formation ici.
Malgré ces arguments, les effectifs restent bas.
Les effectifs annoncés ne sont pas corrects. Aujourd'hui, les apprentis ne sont pas comptabilisés dans les effectifs du lycée mais dans un chiffre global appelé CFA d'Auvergne, alors qu'ils sont scolarisés ici. En réalité, l'effectif est de 127 élèves, et non 72 comme on a pu le lire ou l'entendre. Au-delà du nombre, il faut aussi noter la présence d'élèves en décrochage temporaire qui réintègrent des classes pour des périodes de 3 à 6 mois afin de ne pas quitter définitivement le système scolaire. Il y a également des élèves allophones qui viennent ici pour apprendre le français et s'intégrer par le travail et l'éducation. Ce lycée a donc une raison d'être et un rôle crucial dans la région du Puy-en-Velay. C'est pourquoi je refuse sa fermeture.
Existe-t-il des seuils d'élèves à respecter pour assurer l'avenir ?
Non, il n'y a pas de seuil en tant que tel. Cependant, c'est vrai que nous avons affaire à un établissement avec les effectifs les plus bas de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et qu'il faut lui redonner une impulsion. Le lycée est très actif, et les professeurs sont très engagés. C'est la force de ce lycée, et nous pouvons le défendre car nous avons des gens qui y croient !
Étiez-vous au courant du projet de fermeture avant les annonces du début du mois de mai ?
Je le dis très clairement et je prends ma part de responsabilité. Le projet est porté par le Rectorat, et il y a depuis plusieurs années une pression sur l'établissement. Nous nous opposons à sa fermeture, mais cette fois, je n'ai pas été assez vigilant. L'information ne m'est pas parvenue avec assez de clarté, et la position n'a pas été suffisamment claire. Donc, je prends ma part de responsabilité, mais je vais m'employer sérieusement à corriger cela. Je n'accepterai pas la fermeture du lycée d'Espaly. La position de la Région c'est non !
"La position de la Région c'est non !"
Aujourd'hui, que va-t-il se passer ?
J'ai été en contact avec le Recteur ce vendredi 17 mai, et je vais réaffirmer mon opposition à la fermeture. Je souhaite que la situation soit rapidement résolue, idéalement d'ici la fin de la semaine prochaine. Quand je dis "pas de fermeture", cela signifie aussi "pas d'intégration avec un autre établissement". Nous allons également travailler pour ouvrir, à l'avenir, de nouvelles formations dans des domaines comme la charpente ou un CAP métallier. On pourrait aussi envisager une mention complémentaire d'escaliéteur (fabricant d'escaliers). Il faut aider l'établissement à retrouver son dynamisme.
Qu'a répondu le Recteur à l'issue de votre entretien ?
J'ai été très clair sur ma position. Quand je m'engage sur un dossier, ce n'est pas pour échouer. Auguste Aymard ne doit pas fermer ! Nous avons des relations de confiance avec le Rectorat. Je respecte leur travail, mais la Région a son mot à dire sur la carte de formation, et nous investissons dans ces établissements. Ma position est donc très simple : non à la fermeture ! Ce serait une profonde erreur, et il faut savoir corriger ses erreurs.
C'est donc au Recteur que la décision appartient ?
Non ! Même si le Recteur décide de l'ouverture ou de la fermeture d'un lycée, le Conseil Régional est également partie prenante. Je suis déterminé à faire entendre la voix de la Région. Je ne veux pas que le Lycée Auguste Aymard ferme.
"Je me donne une semaine"
Cependant, votre opposition à la fermeture ne suffit pas, à elle seule, à assurer l'avenir du lycée.
Cela signifie que je me donne une semaine pour que nous réussissions à annuler la fermeture !
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