Pour les prochaines élections municipales en 2026, à Lyon, votera-t-on encore par arrondissement ? Pas si sûr car une phrase lancée par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse en janvier dernier pourrait changer la donne. Le Président de la République réfléchit à « faire revenir Paris, Marseille et Lyon au droit commun » : en clair, une possible réforme de la loi Paris-Lyon-Marseille qui existe depuis 1982 et qui créée pour ces 3 villes une exception en France, celle d’être organisée en arrondissement. Lyon compte aujourd’hui 9 arrondissements et donc autant de mairies. Concrètement, le chef de l’Etat souhaite que les lyonnais puissent élire directement leur maire, et leur conseil municipal central, sans passer par le vote de listes par arrondissements comme c’est le cas aujourd’hui.
Pour comprendre le rôle de ces mairies de proximité, nous partons à la rencontre de Yasmine Bouagga, la maire écologiste du 1er arrondissement : « En arrondissement, nous ne sommes pas une commune de plein exercice. On est plutôt un maillon des politiques publiques, que un échelon décisionnel. On donne le plus souvent des avis, et nous faisons remonter les problématiques à la mairie centrale, qui, elle, prend des décisions, de concert avec nos services ». C’est le cas notamment pour le projet de réhabilitation de l’ancien collège Truffaut, sur les hauteurs du 1er. Un ancien collège, devenu lieu de vie polyvalent, entre salle commune, résidence étudiante et local associatif. Chloé Charvin est coordinatrice pour l’AFEV du Grand Lyon, qui a notamment porté ce projet : « Ce ne serait pas possible pour la mairie centrale d’avoir la disponibilité, et la connaissance fine du territoire que nous offre la mairie du 1er arrondissement. On a une relation de partenariat assez forte, on se contacte très souvent, sur l’utilisation du lieu, mais aussi sur le développement d’autres projets. Un interlocuteur du quotidien, qui a une très bonne connaissance du terrain ». Mais alors : pourquoi vouloir s’en passer ?
Faire revenir Paris, Marseille et Lyon dans le droit commun ne veut pas forcément dire voter directement pour le maire. Le professeur Paul Bacot, professeur émérite en sciences politiques à Sciences Po Lyon nous rappelle que cette notion d’élection directe du maire est souvent mise en avant, mais ce n’est pas vraiment possible administrativement, supprimer les arrondissements n’est pas à l’ordre du jour. Les lyonnais et les lyonnaises votent aujourd’hui pour un conseil d’arrondissement, qui induit une représentation en conseil municipal central, et votent donc pour deux instances de représentation en une seule fois. Demain, avec cette réforme, les deux scrutins pourraient être indépendants, ce qui induit un certains nombres de problèmes comme l’explique Paul Bacot : « Si vous séparez les deux scrutins, d’abord il y a un problème pratique. Aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de mobiliser suffisamment de personnes bénévoles pour tenir les bureaux de vote. Et donc, doubler les scrutins voudraient dire doubler le nombre d’opérations. Et puis il y a un problème de représentativité : si vous élisez le conseil municipal central dans une circonscription unique, cela voudrait dire que certains arrondissements pourraient ne pas être représentés. Après, pour l’électeur, une réforme ne serait pas forcément une révolution du point de vue du vote ».
Quoi qu’il en soit, la réforme n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, et reste simplement une volonté exprimée par le président.
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