L’hiver est bien installé maintenant dans l’Anjou et pour les sans-abri, la vie devient de plus en plus compliquée, sauf peut-être pour les locataires de la maison Lazare, à Angers, dans le Maine-et-Loire. Cette grande colocation d'une quinzaine de personnes accueille d’anciens sans-abri, des jeunes actifs et une famille. Elle gère bénévolement ce lieu qui permet aux SDF de se reconstruire.
"Bonjour, bienvenue à Lazare !". Marine, la gérante de cette sorte de grande colocation, ouvre la porte en bois de cette grande maison avec un large sourire. Avec son mari, elle est responsable bénévole de la maison Lazare à Angers, dans le Maine-et-Loire.
Une quinzaine de personnes est locataire de la maison Lazare et est répartie en trois appartements : un accueille cinq femmes et un autre, huit hommes. Chaque colocataire à sa chambre avec un point d'eau. Marine et sa famille vivent dans une location juste à côté. Le petit plus de cette maison, c'est l'espace commun au rez-de-chaussée : "C'est cozy, il y a un canapé, une grande table et une cuisine. On se réunit ici de temps en temps, on boit un thé, on fait des jeux, on regarde des films ou des matchs. Et on se retrouve pour manger tous ensemble au moins tous les vendredis soir."
Olivier, la cinquantaine, vit depuis presque deux mois dans la maison Lazare.
J'étais dans la rue depuis un mois et demi environ. J'ai été d'abord militaire pendant 25 ans. J'ai passé un diplôme pour devenir ingénieur. Et j'en suis arrivé là suite à une rupture après 17 ans de vie commune, un étouffement par le loyer et les charges. Ça arrive très très vite. Ça va beaucoup plus vite qu'on ne le pense et personne n'est à l'abri. Donc j'ai eu la chance d'être accueilli. Ça m'a permis de me poser dans un moment qui est difficile psychologiquement et physiquement. Maintenant, je peux envisager la vie de manière beaucoup plus cohérente.
Olivier vit avec huit autres hommes dans un des appartements, certains sont d'anciens sans-abri comme lui et d'autres sont de jeunes actifs. "La chose la plus importante, c'est le partage intergénérationnel entre tout le monde."
"Nous concrètement, on voit que ça marche de nos propres yeux", enchaîne Marine. On a par exemple un coloc qui est resté dix mois et maintenant il est gardien d'un château. Je repense aussi à un autre coloc qui est parti en post-cure dans le projet de se sortir complètement de ses addictions. Certes, son passage à Lazare ne lui a pas permis d'avoir un logement et un travail, mais ça lui a permis de prendre conscience qu'il a le droit de s'en sortir, qu'il a le droit d'avoir un travail. Qu'il a le droit d'être libre en fait."
Marine résume en quelques mots la raison d'être de ce projet associatif d'inspiration chrétienne, présent dans quinze villes de France et six à l'étranger : "C'est de se dire, c'est bien d'avoir un toit et de la nourriture, mais i n'y a pas que ça. L'Homme a besoin aussi de liens sociaux, de pouvoir se reconstruire. Et c'est ça qu'on essaie de vivre par la rencontre et l'amitié ici".
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