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Marcher pour le climat ou marcher pour de l’essence moins chère ?

RCF,  - Modifié le 14 novembre 2018
Chaque mardi Cyrille Frey vous propose sa chronique écologie dans la Matinale.
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Nous allons parler gilets jaunes et contradictions françaises autour du gasoil.

Bien sûr, il n’y a pas grand-chose d’écologique dans la décision du gouvernement de taxer un peu plus le gasoil. En tout cas on ne voit pas trop la cohérence quand dans le même temps Emmanuel Macron annonce travailler avec Donald Trump pour du pétrole moins cher, et qu’on ferme des lignes de chemin de fer. On n’est clairement pas dans une orientation politique de décarboner l’économie. Mais on est en droit de s’interroger sur ce que signifie, en l’espace de quelques semaines, alterner marches pour le climat et mouvement pour de l’essence moins chère.

Autrement dit les gilets jaunes seraient de mauvais écolos ?

Bien sûr que non, c’est beaucoup plus compliqué. Nous héritons d’un monde totalement dépendant du pétrole et qui en sort très lentement. Mais on se retrouve avec une société clivée, des territoires clivés entre ceux qui ont un peu de marge de manœuvre pour commencer à décarboner leur vie et ceux qui ne peuvent pas. Le gros problème d’une politique de taxes plutôt qu’un vrai plan de sortie de la dépendance au pétrole et à ses dérivés, c’est qu’elle va mettre dans l’impasse les plus vulnérables. Il y a bien sûr les ruraux pour qui la voiture est une obligation parce que les services publics disparaissent à toute vitesse de leur territoire, aux petits professionnels qui ont besoin d’un véhicule pour travailler. Cette mesure les place en situation de coupables face à des citoyens plus privilégiés qui ont la possibilité d’échapper au tout voiture. Cette mesure qui n’a même pas vraiment de but écolo risque d’encore diviser la société et aggraver l’image d’une écologie pour riches citadins qui piétine les plus fragiles.

Finalement ce serait un problème d’approche inadaptée.

Oui, parce que cette taxe c’est à peu près la pire manière de se demander quel monde on veut pour demain. A terme, et même assez vite, il faut de toute façon qu’on sorte du pétrole parce que le pétrole abondant et pas cher c’est fini. Fut un temps, en consommant l’énergie d’un baril on en extrayait 100, aujourd’hui c’est moins de 5. Même si ses prix s’envolent, le pétrole est physiquement de moins en moins accessible. Et nous n’avons pas tous l’excuse d’être 100% contraints dans nos consommations. 50% des trajets domicile-travail faits en voiture font moins d’un kilomètre ! Il nous faut tous individuellement et collectivement sortir du gasoil. Ça veut dire que ceux qui peuvent ne doivent pas attendre, et qu’il faut exiger aussi les choix politiques courageux pour aller vers un monde où la pétrochimie (pas seulement le gasoil) ne coulera plus à flots.

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