Partout en France, petites et grandes entreprises ont changé leur production et se sont mises à fabriquer les masques, les ventilateurs ou encore le gel hydroalcoolique dont la France manque pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Si certains y verront une occasion de faire du profit, reste que ces bouleversements demandent aux salariés une souplesse et une adaptabilité qui force même l'admiration chez certains patrons !
Elle fabriquait des hublots de bateaux, la société Lumitube, à La Rochelle, fabrique désormais des hygiaphones, ces plaques de protection en plexiglas indispensables là où l'on reçoit du public. Pharmacies, cliniques, commissariats, cantines d'hôpitaux... "J'ai dû avoir une soixantaine de demandes la semaine dernière, raconte Denis Caillon, le gérant de Lumitube, on ne va pas en faire un métier, un business, on fait ça pour soutenir les gens qui sont en train de soigner nos concitoyens."
Le groupe Air liquide met lui aussi les bouchées doubles. Sa filiale Healthcare, qui fabrique des ventilateurs pour les patients en détresse respiratoire, a réorganisé sa production destinée aux hôpitaux. Objectif : la doubler en mars, la tripler en avril et la quadrupler en mai.
Le groupe LVMH annonce la production de 50.000 litre de gel hydroalcoolique. Les deux principaux sucriers français, Tereos et Cristal Union s’engagent eux aussi dans la production de gel hydroalcoolique - Tereos produit notamment 11.000 litres de gel hydroalcoolique par semaine : une production mise à la disposition des Agences régionales de santé (ARS) et des hôpitaux.
Les principales maison de Cognac font des dons d’alcool pour permettre aux pharmacies de fabriquer du gel. "On s'est mis en contact avec les plus grosses pharmacies de la région pour essayer de fournir de l'acool à 96° aux pharmacies qui elles ont eu l'autorisation de l'OMS pour faire elles-mêmes leur gel désinfectant pour les mains", explique Angélique Julienne, responsable Communication de la Maison Ferrand, au micro de Denis Charbonnier (RCF Angoulême). "Créatrice d'alcools fins" depuis 1989, la Maison Ferrand a fait un don de 5.000 litres d’alcool.
Plus de 300 PME sont aujourd’hui mobilisées pour fabriquer des masques, à raison de 8 millions par semaine. À Charlieu, dans la Loire, une entreprise de textile a entièrement réorganisé sa production. "Nous avons transformé non seulement la production mais également transformé notre activité logistique de fonctionnement téléphonique, de prise de commande, etc., en deux ou trois jours pour faire face à cette pénurie qui est terrible." Éric Boël, le dirigeant des Tissages de Charlieu, confie à Marie Leynaud (RCF Lyon) combien il est "ébahi de la capacité de nos équipes d'adaptation, de flexibilité, de générosité, de don de soi, d'intelligence, d'entraide".
Ces masques en tissu, qui ne se substituent pas aux masques normalisés car non homologués FFP2, seront tout de même livrés aux Hospices Civils de Lyon, au Centre Léon-Bérard (à Lyon), mais aussi à des Ehpad, à des supermarchés ou encore à des pompiers.
8 millions de masques par semaine, c'est bien en-deçà des 40 millions dont on besoin les professionnels de santé. Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l'inclusion dans l'emploi et à l'engagement des entreprises, a eu l'idée de mettre en lien des PME du textile et des entreprises d'insertion sociale pour fabriquer des masques. Une démarche 100% française, durable, inclusive et solidaire pour répondre à une situation d'urgence et "montrer que cette économie locale, durable, inclusive, qui fait sa place à chacun, c'est l'économie de demain".
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