Ce documentaire a été réalisé par Etienne Chaillou et Mathias Théry. C’est ce dernier qui est aujourd’hui l’invité de Stéphanie Gallet. Il s’était déjà fait remarquer en 2016 avec "La Sociologue et l’Ourson", un premier opus qui revenait alors sur les débats qui avaient enflammé la France autour du mariage pour tous.
Pour ce documentaire, Mathias Théry et son compagnon se sont plongés dans l’univers du Front National, dans la vie d’un jeune militant politique. "L’idée de départ était de sonder le parcours d’un jeune qui à 20 ans se retrouve engagé très fortement à l’extrême-droite. Nous avions envie de comprendre pourquoi Bastien s’était engagé depuis tant d’années, de manière assez solitaire. Et de plonger dans les coulisses d’un parti où l’on a du mal à pénétrer" explique le réalisateur du film.
"Nous avons rencontré Bastien à l’occasion du tournage d’un film court pour la télévision, où nous faisions les portraits de jeunes qui votent pour la première fois. En tournant ce film, une relation née entre nous, qu’elle est intéressante. À ce moment-là, Bastien rencontre les grands du parti et commence à enfiler le costard et la cravate pour devenir un cadre. On s’est dit que c’était une opportunité incroyable. Bastien accepte que l’on reste, et l’on vit toute la présidentielle à ses côtés" ajoute Mathias Théry.
"Ce qui nous intéressait n’était pas seulement le discours politique, mais sa vie toute entière. Car nous avions envie de comprendre les relations entre son parcours intime et la politique. Comment l’un et l’autre se nourrissent. Comment la politique vient occuper des espaces vides dans une vie" lance encore le co-réalisateur de "La Cravate".
Ce que l’on découvre dans ce documentaire, du point de vue du militant, ne sont pas des choses propres au Front National. L’engagement militant, la volonté, la jeunesse, l’ingratitude des chefs, le plafond de verre. Tout cela se retrouve partout, dans n’importe quelle formation politique. Mais le film donne également l’occasion de faire entrer le téléspectateur à l’intérieur d’un parti qui fait beaucoup fantasmer.
Se faire accepter par les ténors du FN n’a pas été une chose compliquée pour les deux réalisateurs. "Comme on s’intéressait à un petit lieutenant, ils ont dit oui. Quand on va à la rencontre des cadres, la plupart du temps, on est au milieu des caméras, le parti est demandeur. Et ensuite, nous faisons le film sur le petit Bastien. On ne nous a pas accordé beaucoup d’importance" analyse encore Mathias Théry, qui réfute toutefois l’idée d’avoir participé à la banalisation du Front National.
"Essayer de comprendre, ce n’est pas valider. C’est toute la nature de notre relation avec Bastien, qui est une relation sincère. Nous n’avons jamais essayé de le piéger. On n’a jamais fait semblant de ne pas être des opposants politiques. C’était assumé. L’objectif du film, ce n’est pas une confrontation politique sur les idées, mais la recherche d’une forme de vérité en dépassant les apparats" lance-t-il.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !