Le moinde bouddhiste vit une grande partie de l’année dans les montagnes du Népal. "Il y a plusieurs rythmes de vie au Népal. Le monastère est un lieu où il y a 600 moines qui sont occupés. On a des archives, une école de peinture, des formations de jeunes, un collège philosophique. Il y a les projets humanitaires sur le terrain. Mais pour moi la vraie vie, c’est quand je pars à 3h de Katmandou dans la montagne, où j’ai un petit ermitage de 3 mètres sur trois qui fait face à 200 km d’Himalaya. Ce n’est pas une démarche égoïste car c’est là que j’essaie de cultiver humblement les qualités qui me permettent de me mettre au service des autres" explique Matthieu Ricard, photographe, moine bouddhiste, auteur de "Emerveillement" et "Contemplation" (éd. de la Martinière).
Matthieu Ricard explique que souvent les personnes autour de lui estiment que vivre dans un monastère, ou dans un ermitage est une démarche profondément égoïste. "C’est un refuge contre l’ignorance. Ce n’est pas une fuite. Si le but de cette vie contemplative est d’éradiquer l’égoïsme, l’animosité, l’obsession, la jalousie et l’arrogance pour se mettre au service des autres, c’est comme construire un hôpital avant de se mettre à soigner les autres" précise-t-il.
Concernant le sujet de l’emprise spirituelle, Matthieu Ricard rappelle que pour lui, "un vrai maître spirituel est quelqu’un qui n’a rien à gagner sur aucun plan, mais il a tout à partager et tout à donner. C’est comme un vieux marin expérimenté ou un vieux musicien trop heureux de montrer sa connaissance. Il montre le chemin, ensuite c’est à nous de le parcourir. En Occident, le problème est la vulnérabilité des gens. Quand on leur propose quelque chose, surtout quand c’est bien organisé, ils deviennent des proies faciles".
L’un des deux derniers ouvrages de Matthieu Ricard est baptisé "Emerveillement". "C’est l’émerveillement devant un maître spirituel, devant sa sagesse. J’ai essayé à travers la photo de rendre hommage à mes maîtres spirituels, mais aussi de faire des portraits, de sourires, d’enfants, de vieillards. Mais cette fois-ci, c’est vraiment la part sauvage du monde. La crise de l’environnement est le grand défi du XXIème siècle. Il faut un message qui élève, qui inspire au respect, à prendre soin de la nature" lance-t-il.
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