Depuis plus de trois semaines Mayotte est en proie à une grève générale. Les habitants protestent contre l’insécurité qui gangrène l'île. Cette petite ile de l’Océan indien est le 101ème département de France mais aussi le plus pauvre avec un retard de développement très important pour ses 235.000 habitants.
La ministre des Outre-Mer, Annick Girardin s'est rendue sur place pour tenter de débloquer la crise. Mais lundi 12 mars dernier, à son arrivée, on ne peut pas dire que l’accueil ait été des plus chaleureux. Si la ministre a bien échangé avec quelques Mahorais, l’intersyndicale et le collectif des habitants de Mayotte ont décliné l’invitation tout comme la majorité des élus de l’île.
En signe de ras-le-bol, Les maires n’ont pas rouvert les écoles et la rentrée scolaire n’a pas pu avoir lieu. La ministre a annoncé l'arrivée de nouveaux renforts avec 10 policiers supplémentaires en mars et 16 gendarmes d'ici le 1er août prochain, qui viendront étoffer une nouvelle brigade de prévention de la délinquance juvénile.
Elle a également confirmé le maintien jusqu'à la fin de l'année scolaire, de 60 gendarmes arrivés la semaine dernière. Enfin, pas moins de 330 000 euros seront débloqués pour lutter contre la délinquance. Ds mesures totalement insuffisantes pour Maoulida Momed, porte parole du collectif des habitants de Mayotte.
Ce n'est pas la première crise qui agite le département. En 2011, une grève générale de 45 jours contre la vie chère avait déjà paralysé l’île. Aujourd’hui, c’est l’insécurité qui ulcère les Mahorais. Quelles que soient les catégories sociales, le ras-le-bol est général. Face à une montée de la délinquance et de l'immigration clandestine en provenance des Comores, les Mahorais dénoncent des moyens policiers et judiciaires insuffisants.
Pour l'opposition en métropole, ainsi que pour de nombreux élus locaux, le gouvernement a très clairement sous-estimé l'ampleur de la crise, et la colère des Mahorais. C'est ce qu'explique Thierry Galarme, entrepreneur sur l'île, et ancien président du Medef de Mayotte.
La crise mahoraise a plusieurs origines, très anciennes pour la plupart. D’abord par la géographie et l’histoire. L’île est la seule de l’archipel des Comores à avoir choisi de rester française lors du référendum de 1976. Les Comores ne sont qu’à une soixantaine de kilomètres de Mayotte, très facile d’accès pour les candidats à l’exil.
Pour souligner l’ampleur du phénomène, deux chiffres sont révélateurs. L’an dernier, pas moins de 22 600 expulsions ont été effectuées à Mayotte, contre un peu plus de 12 900 en métropole. Le chômage touche un tiers des habitants de l'île. La pauvreté y est très préoccupante avec un vrai risque d’explosion sociale, rappelle l'économiste Olivier Sudrie. Et pour lui, rétablir la sécurité ne suffira pas. En attendant, le gouvernement se doit d'agir vite, car du côté des habitants, on n'exclue pas un durcissement du mouvement.
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