En moins de deux semaines, l’armée française a perdu cinq de ses soldats au Mali. Quatre hommes et une femme ont été tués par des bombes artisanales. Un moment douloureux pour l’évêque aux armées françaises Mgr Antoine de Romanet, qui a l’habitude d’être aux côtés des soldats.
C’est encore un triste exemple de la présence "essentielle" des aumôniers militaires auprès des hommes sur le terrain comme l’explique Mgr Antoine de Romanet. C’est une présence qui permet de "tenir le moral, le sens, l’âme et l’esprit qui animent chacun" selon lui. Les aumôniers militaires accompagnent les soldats lorsque de tels drames se produisent, par "un temps de prière, de soutien, de réconfort".
Lorsqu'il s'adresse à un militaire, l'aumônier militaire prend de facto son grade, comme en miroir. Il est "hors hiérarchie mais pas hors discipline. Il a cette capacité de proximité avec chacun. C’est un oreille attentive, bienveillante, qui peut tout supporter, tout comprendre. C’est un facilitateur, dans le plus grand respect des réalités militaires", assure Mgr Antoine de Romanet, précisant que les aumôniers n’ont aucun objectif de carrière.
La guerre menée par l’armée française au Sahel est contre le fanatisme religieux et notamment les djihadistes de Boko Haram. "Quand on revient aux fondamentaux du texte, il est évident que l’on est éloigné des actes promus par certains. Le fait de parler de religion est ici tragiquement dévoyé", analyse Mgr Antoine de Romanet.
Les soldats sont confrontés à la mort, celle qu’ils risquent ou qu’ils donnent. "La réalité de l’engagement militaire c’est d’accepter de donner sa vie pour une mission reçue. C’est cette immense question de l’humanité", confie l’évêque aux armées. Les militaires sont aussi tiraillés par une tentation de diaboliser l’autre. "Quand je vois celui qui me fait face dans une dimension d’animalité, je me déshumanise moi-même. Il y a un honneur des combattants et un respect de celui qui me fait face", assure Mgr Antoine de Romanet.
Pour les soldats engagés sur le terrain, la foi peut prendre une place très importante dans leur mission. "On ne peut pas demander à des morts d’engager de la vie en les asphyxiant. L’armée intègre les trois cultes, intégrant cette dimension qu’on ne peut pas expurger de la réalité humaine sa dimension spirituelle", conclut-il.
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