"Nous avons vécu quelque chose d’extraordinaire. Pour la première fois, le synode a commencé dans la basilique Saint Pierre, entourés de beaucoup d’Amérindiens, qui ont chanté avec le Saint Père, et qui l’ont accompagné dans une grande procession très familiale, très populaire. C’était très beau" explique Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne en Guyane française, l’un des 185 pères synodaux du synode sur l’Amazonie, revenant sur cette première journée où les travaux ont débuté dans l’après-midi.
C’est la première fois que les peuples d’Amazonie sont au cœur de l’Église, de cette manière. Pour Mgr Lafont, c’est aussi un moment très important pour le monde entier "car ce qui se passe en Amazonie touche le monde entier. Et le fait que l’Église se rapproche des périphéries du monde est un signe d’espoir pour l’ensemble de l’univers". Pour autant, c’est l’Amazonie qui est au cœur de ce synode, avec toutes ses souffrances.
On a évidemment beaucoup parlé des incendies gigantesques qui ont ravagé la forêt amazonienne. En Guyane, la situation est différente. L’Amazonie y est meurtrie par l’orpaillage clandestin, ces hommes et ces femmes qui viennent principalement du Brésil pour tenter de récolter de l’or, au cœur de la forêt, par des méthodes particulièrement nocives pour l’environnement, notamment avec l’utilisation de mercure qui contamine les rivières.
"D’un autre côté, les peuples amérindiens sont soucieux de ne plus savoir quelle est leur terre, et de savoir qu’est ce qu’ils ont le droit de faire sur la terre de leurs ancêtres. C’est un souci très grand pour eux. Le troisième souci, c’est l’éducation de leurs enfants dans un monde qui change à une vitesse extrême pour eux. Ces enfants n’ont plus l’occasion de recevoir le savoir de leurs parents, et qui ne sont pas forcément bienvenus dans la société moderne" explique l’évêque de Cayenne.
Très investi auprès de la jeunesse depuis le début de son ministère de prêtre, Mgr Lafont met en avant le "mal-être profond des jeunes". Un mal-être dû également au fait que l’Église catholique est encore trop absente des villages amazoniens. "C’est pour nous un véritable défi et le synode souligne cela d’une façon très forte : l’Église catholique ne fait pas suffisamment d’efforts pour être présente d’une manière proche et fraternelle. J’attends de ce synode en particulier la possibilité pour l’Église de Guyane de se faire plus proche" précise-t-il.
Face à une telle situation, l’action de l’Église pour aider ces peuples est assez claire, pour l’évêque de Cayenne. "L’Église écoute, l’Église accueille, l’Église répercute. Elle donne un lieu pour exprimer ce qu’ils ont besoin. Cette communication et cette mise en lumière sont importantes. L’Église est universelle, et même si elle peut être un peu faible en Guyane ou au Brésil, elle relaie leurs préoccupations. Le synode est un symbole de cette Église universelle" conclut Mgr Lafont.
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