La Coupe du Monde de football s’ouvre jeudi 14 juin avec un premier match qui opposera la Russie à l’Arabie saoudite. A cette occasion, Stéphanie Gallet reçoit Mgr Dominique Lebrun, évêque du diocèse de Rouen et ancien arbitre de football. Une profession qu’il a exercée pendant 13 ans. "Il me reste des souvenirs de joie. Plus qu’un sport, c’est une joie, c’est un jeu que j’ai beaucoup apprécié. La beauté de ce jeu si simple qu’est le football. C’est vraiment le type d’activité qui n’est pas sophistiqué. Les populations les plus pauvres, comme les plus riches, jouent au football" explique Mgr Lebrun.
L’arbitre n’est pas le personnage le plus populaire sur le terrain. Il y a une certaine forme de solitude. Une solitude que peut aussi ressentir un évêque. "Quand on est arbitre, on est relativement seul. Il ne faut pas oublier les juges de touche, l’encadrement, mais on prend la décision seul. Et l’évêque prend de temps en temps des décisions, avec une équipe, mais qu’il assume et qu’il doit prendre lui, personnellement" ajoute-t-il.
Cette Coupe du Monde suscite beaucoup d’enthousiasme mais beaucoup de gens sont déjà agacés. Ils ne supportent pas ce sport. Mgr Lebrun répond surtout à ceux qui aiment le football, "de faire attention dans leurs familles. Je sais aussi qu’il y a beaucoup de personnes qui n’aiment pas ça, mais qui prennent du plaisir à voir ceux qui aiment regarder les matchs. Je connais des gens qui s’y sont mis au plus tard".
Il y a vingt ans, la France devenait championne du monde, en 1998. Mgr Lebrun était en Seine Saint Denis. "Nous avions des soirées foot à la paroisse avec un grand écran. Ma joie c’était alors d’offrir aux gens de la rue la possibilité de regarder un match, dans une ambiance familiale. Des familles venaient, des personnes âgées également. C’était des moments de convivialité que je garde en bon souvenir" précise l’évêque du diocèse de Rouen.
Pour Mgr Lebrun, "priorité au travail pastoral, mais ceux qui m’entourent savent que j’aime le football et ils éviteront de me déranger au mauvais moment. Les matchs vont être inscrits dans mon agenda. Le gardien de l’archevêché m’a procuré un calendrier, gentiment, hier soir, et il faut que je les inscrive".
La religion est un facteur important, et visible, dans le football. Sur le terrain, il n’est pas rare de voir des joueurs se signer. "Cela ne m’étonne pas. L’activité sportive est une activité profondément humaine. Elle met en action notre corps, mais aussi notre esprit, notre cœur, notre volonté, notre intelligence dans des relations humaines qui sont fortes. Là où il y a de l’humanité présente, il est évident que Dieu est présent" lance encore l’ancien arbitre.
Le football c’est le meilleur, mais c’est aussi le pire. Le racisme, les cris de singe, l’argent, la corruption. "Comme toute activité humaine, il peut y avoir des déviances. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Accueillir ce qu’il y a de meilleur dans l’activité sportive, et petit à petit éliminer les problèmes, parfois de manière décisive. Il ne faut surtout pas rejeter en bloc le sport, car dans ce cas il se passerait des choses pas très justes" reconnait Mgr Lebrun.
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