Le dimanche des Rameaux marque le début de la Semaine sainte. "C’est une semaine qui nous porte vers l’Orient, vers Jérusalem." Dimanche, les chrétiens de France et de l’Orient prieront ensemble.
Certaines communautés célèbrent la Semaine sainte en même temps que les catholiques latins, d’autres sont en décalage d’une semaine. "Ce n’est qu’une question disciplinaire", explique Mgr Gollnisch. "Les célébrations sont vécues par l’ensemble des Chrétiens avec ferveur."
L’Irak et la Syrie ont souffert des conflits destructeurs des dernières années. "Daech est une organisation d’une perversité et d’une cruauté que l’on n’avait pas vues depuis longtemps." Il faut alors tout reconstruire : maisons, écoles, hôpitaux, églises. "Les croix, les signes religieux chiites ou yézidis ont été détruits."
Mais avant tout, il faut "reconstruire les âmes et les cœurs. Il s’agit d’une question spirituelle : est-on dans la haine et la vengeance ou dans le vivre-ensemble ?" Les prochaines élections, en Irak, en Egypte, donneront une orientation.
Les chrétiens d’Irak commencent leur retour, dans les grandes villes comme Mossoul ou Karakosh. "Mais il y a une véritable attente de l’avenir. Quelles conditions de vie pour les chrétiens d’Orient ?" Dans la ville de Bagdad, les chrétiens sont éparpillés, en proie à des violences. "Une famille chrétienne a été sauvagement égorgée il y a quelques jours." Cela fragilise la communauté chrétienne sur le fait de rester ou non en Irak.
Bombardements, économie et infrastructures par terre… La situation syrienne est catastrophique. "Mais je rappelle que les violences viennent de part et d’autre. Al Qaida dans la Ghouta retient la population civile. Il y a des missiles qui tombent sur Damas. Mais je souligne que les violences sont mutuelles."
L’arrivée de l’armée turque au nord de la Syrie n’arrange rien : "Elle se déploie, bombarde des villages qui n’ont rien demandé. Je suis étonné qu’il n’y ait aucune protestation."
"Les chrétiens ont vécu la souffrance et la mort mais ne sont pas encore dans la résurrection. Il s’agit de celle de leur communauté, qui dépendra du travail de chacun, des moyens pour agir." En Irak voilà deux ans, Mgr Gollnisch a vu "des églises pleines à craquer." Il a été fasciné par le "courage et la foi" des croyants.
Français et chrétiens d’Orient prieront en commun. "C’est une communion spirituelle, nous sommes de la même Eglise. Comme le corps du Christ, quand un membre est atteint, tout le corps est atteint."
Mgr Gollnisch donne l’exemple d’une femme âgée chassée de Mossoul, qui lui a déclaré : "On a tout perdu, sauf la vie et la foi". On sait alors ce qui est essentiel et ce qui est secondaire. Sans la foi, "ils n’auraient plus de raison de vie, plus aucun sens. La foi est la réalité première et signifiante."
Mgr Gollnisch travaille sur un projet d’observatoire des droits des chrétiens d'Orient : "On se concentre sur la situation des chrétiens, les législations qui ne respectent pas la pleine citoyenneté pour tous. Nous n’aidons pas les chrétiens pour une réserve d’indiens témoins de nos racines : c’est pour aider la population dans son ensemble, nous voulons un printemps pour les chrétiens d’Orient."
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