Au lendemain de la mort de Vincent Lambert, retour sur cette affaire qui est au cœur d’une bataille juridique, familiale et médicale depuis plus de dix ans.
L’histoire de cet homme, décédé jeudi 11 juillet à l’âge de 41 ans, devenu tétraplégique à la suite d’un accident de moto, interroge. Sur le sens de la vie, de la mort, de la valeur de tout être humain. Elle interroge également sur notre propre fin de vie. "La première réaction est une réaction de recueillement devant la mort d’un homme, devant un drame pour toute une famille qui s’est déchirée. Ma deuxième réaction, c’est une profonde tristesse, c’est un accident, c’est un drame, et c’est le déchirement d’une famille, densifié par une bataille juridique qui a duré plus de dix ans" explique Mgr Thierry Magnin, secrétaire général de la Conférence des Evêques de France.
Ce dernier ajoute que "ce sont des situations extrêmement délicates et difficiles. On peut comprendre qu’il y ait des positions très diverses, y compris dans le cadre d’une même famille, dans le cas de Vincent Lambert. Pour nous, le problème est souvent d’une extraordinaire confusion, qui n’aide pas à prendre de bonnes décisions. On a parlé d’euthanasie, d’acharnement thérapeutique, des termes qui sont utilisés pour la fin de vie. Vincent Lambert n’était pas en fin de vie. Pourtant on a traité son cas comme un cas de fin de vie".
Difficile pourtant de parler d’euthanasie. Pour le père Thierry Magnin, les termes sont délicats. "Entre le laisser mourir et le faire mourir, si vous supprimez l’alimentation de quiconque, il va finir par mourir, c’est sûr. On est dans une situation plus que limite, je ne porte de jugement de valeur sur personne. […] Il faut que l’on puisse débattre de ces arguments en profondeur sans s’envoyer trop vite des termes idéologiques qui disqualifient les uns et les autres" lance-t-il, regrettant que l’on ait trop souvent qualifié les parents de Vincent Lambert de catholiques conservateurs, étiquette qui selon le père Magnin empêche de débattre sur le fond.
Quoi qu’il en soit, il est difficile aujourd’hui de parler de ce genre de sujets dans notre société. "Nous sommes dans une société très technique. On a l’impression que la technique peut résoudre presque tous les problèmes. Et quand elle ne le peut pas, il faudrait mettre fin aux vies qui n’auraient plus de sens et plus d’intérêt. Il y a aussi un refus de regarder la mort en face, et un sens de l’utilité qui est très questionnant" conclut-il.
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