Rencontre avec Michèle Lutz, maire de Mulhouse, pour faire le point sur ce début d'année 2025. Avec en filigrane, le rôle de médiateur, indissociable de la fonction de maire.
RCF Alsace : Chaque début d'année s'ouvre par les traditionnels vœux du maire. Qu'est ce que vous avez voulu faire passer comme message pour 2025?
Michèle Lutz : Il y avait deux possibilités pour les vœux du maire à la population. Soit nous étions dans le format que nous avons connu il y a quelques années au Palais des sports de Mulhouse ou c'était des rencontres avec 4000 personnes. Il y avait une belle ambiance, mais en même temps, c'était impersonnel parce que je n'avais jamais le temps de rencontrer tous les acteurs du territoire, les acteurs sportifs, associatifs, toutes les personnes qui sont engagées dans la vie de la ville. Donc mon choix a été fait de faire cinq séquences de rencontres.
Mon sujet, c'est le maire de proximité. Mon objectif était donc d'aller recueillir la portée de nos politiques publiques. Est ce que vous êtes satisfait de ce qui se passe? Est ce que vous auriez des suggestions à nous faire? Qu'est ce que vous avez envie de me dire? De me dire que je prends deux heures ou plus si nécessaire. Et je crois que ça, c'est important pour un maire. Ensuite, je voulais aussi être le maire qui protège. N'oublions pas que nous sommes toujours en Vigipirate. Et le fait de faire un format à 4000 personnes, 4000 invités, je crois qu'on prend des risques avec la sécurité des personnes.
RCF Alsace : Qu'est ce qui est encore remonté jusqu'à vous lors de ces rencontres ?
Michèle Lutz : Ce qui est revenu dans les discussions, c'est beaucoup la situation nationale. Je crois que les gens ont besoin d'être rassurés par rapport à ce qui se passe au niveau local. Je crois que nous, les maires, sommes un peu les socles de ce qui se passe au niveau local et je crois que les gens attendent beaucoup de stabilité de notre part. Et ce qui revient en permanence, c'est que c'est un peu un grand bazar national. Avec des mots plus ou moins forts, plus ou moins atténués. Mais je crois que les gens réclament d'une part une forme d'éclaircissement de la situation. C’est la première fois que j’entends des gens me dire qu’ils se sont éloignés des réseaux sociaux et qui ont besoin de retrouver ce lien social, des rendez-vous où ils échangent, soit avec une personne qui s’investit dans la ville, soit avec le maire ou ses adjoints.
RCF Alsace : Le maire reste une figure à laquelle nous sommes attachés, par sa proximité, sa stabilité ?
Michèle Lutz : Je reprends plus volontiers les paroles de Gérard Larcher, président du Sénat, qui disait “Un maire doit être à portée de gifle”. Et je crois que c'est vrai. Je crois qu'il faut qu'on soit à portée de toutes ces remarques que les gens ont à nous faire parce qu'ils peuvent les appréhender avec nous. C’est vrai qu'il y a une forme d'anxiété, de peur, de mal être, actuellement, et je crois que les gens ont besoin de l'affirmer. À qui voulez-vous qu'ils l'expriment ? Évidemment, il y a la famille, il y a les proches, mais souvent c'est un contexte différent. Il y a les médecins, mais à un moment donné, ils ont aussi besoin de le dire à des gens qui sont censés les aider à construire une vie, ou en tout cas à appréhender leur vie d'une façon sereine. Et c'est pour ça que je parlais tout à l'heure de ma fonction de maire protecteur. Et je crois qu'il faut qu'on puisse nous aussi, à notre niveau et sans rentrer dans des contingences politiques, parce que nous dire que voilà, on est des gens comme les autres, on est à votre service, mais en même temps on a besoin de vous aussi.
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