Elle est aujourd’hui directrice de l’ONG Oxfam, et se défend de mener encore un combat politique. "J’ai un rôle auquel je suis très attaché, qui est celui de diriger cette organisation en France, qui fait partie d’une grande confédération qui intervient dans 90 pays. Elle a une particularité. Elle travaille sur le terrain à travers des programmes humanitaires et de développement, mais elle a aussi toute une action de plaidoyer. On est convaincu que si l’on ne change pas les choses dans le pays du Nord, on ne fera pas bouger les choses dans les pays du Sud" explique la nouvelle directrice d'Oxfam.
Pour autant, Cécile Duflot ne pense pas qu’il est plus facile de faire bouger les choses quand on travaille au sein d’une ONG, qu’au sein d’un ministère. Elle reconnaît toutefois que les ONG sont devenues, au fil des ans, des aiguillons pour la vie politique. "À la fois par leur expertise, et par leur mobilisation dans la société civile, par leur liberté également" ajoute Cécile Duflot.
En France, le grand public méconnait globalement l’action d’Oxfam. Cécile Duflot, par sa notoriété, souhaite faire connaître davantage le travail de cette organisation. "Je pense que c’est une ONG qui n’est pas assez connue par rapport à tout ce qu’elle fait. Quand on voit ce que fait Oxfam sur le terrain, tout ce qu’elle porte, c’est dommage qu’elle soit peu connue en France. L’autre élément, c’est qu’Oxfam a un mode d’action très large. Cette vision globale de lutte contre les inégalités est au cœur de l’ADN d’Oxfam" lance encore l’ancienne ministre.
Vendredi dernier, les responsables européens sont arrivés à un accord sur la question de l’immigration. L’Union européenne s’organise. Elle prévoit des plateformes de débarquement autour de la Méditerranée. Elle prévoit aussi des centres contrôlés dans les pays volontaires. Sur la question des migrants, Oxfam est très critique sur la gestion de l’UE. "On n’est pas au bout de nos peines. Il y a encore ce weekend des gens qui se sont noyés, dont des bébés. C’est une réalité et je ne sais pas comment nous regarderons ce qui s’est passé dans quelques années. C’est comme si nous étions anesthésiés. Il y a deux chantiers à mener. Ce n’est pas une crise migratoire, c’est une crise de l’accueil. Il y a une espèce de tétanie des politiques si je suis négative, une grande hypocrisie si je suis négative, et je pourrai être plus sévère" analyse Cécile Duflot, qui ajoute qu’il y a « une ressource de générosité dans ce pays qui est plus importante que ce que croient les politiques ».
Cette question migratoire semble en train de creuser un fossé entre les ONG et les politiques. Ces derniers n’hésitent plus à critiquer vivement l’action des organisations, les accusant parfois de complicité avec les passeurs qui lancent les migrants à la mer. "Il y a un sujet. C’est un sujet qui préoccupe l’ensemble de mes collègues. Il y a un discours assez violent comme si nous étions la mauvaise conscience des politiques. On sauve des vies. Mettre en cause les organisations humanitaires, c’est quelque chose. Ce n’est pas anecdotique si cela a commencé de façon violente en Hongrie. Quand on attaque les ONG, on attaque les valeurs qui les font intervenir" lance Cécile Duflot.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !