Le mois de janvier rime désormais souvent avec le mot "sobre". Le "Dry January" est un défi qui est né en 2013 au Royaume-Uni. En France, le défi du mois sans alcool a été lancé l'année dernière. Il y a le "janvier sobre" pour une consommation d'alcool plus responsable ou le "janvier sec" : aucun alcool pendant un mois entier. Cette opération a pour objectif de sensibiliser sur la consommation d'alcool de chacun. En France, 41.000 personnes meurent chaque année, victimes d'alcoolisme.
L’idée de ce défi est née d’un sentiment qu’il manquait en France une véritable politique de santé autour de la consommation d’alcool. "Tout a été mis en place pour le tabac avec le mois sans tabac. Par contre, tout le monde est gêné de parler de l'alcool. Je regrette de ne pas avoir eu les informations il y a 35 ans, quand je picolais déjà beaucoup trop. Je suis devenue alcoolique. Je n'ai pas été éduquée à boire de l'alcool", déplore Laurence Cottet, présidente de France janvier sobre qui a vaincu l'alcoolisme il y a 10 ans.
Avec la pandémie de Covid-19, l’isolement et le stress ont pu être très difficile à vivre pour certains. L'opération revêt donc une importance plus grande, car dans ces situations de stress, l’alcool peut être un refuge. "L'alcool est un anxiolytique. Cette situation de stress liée à la crainte d'être malade peut inciter à lutter contre le stress en buvant de l'alcool", explique Bernard Basset, président de l’association Addictions France.
Malgré les bars et les restaurants fermés, la consommation a continué à domicile. C’est un changement qu’a constaté le médecin addictologue William Lowenstein, aussi président de SOS Addictions, qui a dû passer à la télé consultations. Il a vu arriver de nouveaux patients, qui se sont rendus compte de leur addiction en étant confiné avec leurs proches. "Beaucoup de personnes consommaient un certain nombre de verres avant de rentrer chez eux. Là ça a été plus compliqué. Il y a eu des révélations", précise-t-il.
Dans cette crise sanitaire, les Alcooliques anonymes ont eux aussi dû s’adapter. Ces réunions où les membres discutent de leur addiction entre eux ne pouvaient plus se tenir physiquement. C’est désormais en visioconférence, sur Zoom que les membres se réunissent. Un tournant numérique auquel l’association s’était préparée. Cela a permis d’accueillir encore davantage de monde. "On n'a jamais coupé le lien avec nos membres. On a vu beaucoup de personnes arriver et peut-être des personnes plus jeunes. Certaines ont presque profité du confinement pour faire le point sur leur consommation d'alcool", témoigne Agnès, une membre de l’association qui a vaincu son addiction à l’alcool il y a 17 ans, grâce aux Alcooliques anonymes.
Le janvier sobre commence à se faire timidement une place dans le paysage français, très marqué par une tradition de l’alcool. En 2020, contrairement à ce qui était prévu, le président Emmanuel Macron avait refusé de faire du "Dry January" une opération officielle, sous la pression des groupes d'intérêts de l'alcool. Le janvier sobre a pourtant prouvé ses vertus sur la santé. "C'est pouvoir faire le point, dire qu'il est pas obligatoire de boire en France. On sait aussi que de faire le janvier sans alcool permet de réduire sa consommation tout au long de l'année. C'est réouvrir les yeux sur des habitudes qui ne sont pas des obligations", explique le docteur William Lowenstein.
L’Organisation mondiale de la santé préconise de ne pas aller au delà de 10 unités d’alcool par semaine et de passer deux jours dans la semaine sans boire. Si vous souhaitez être aidé vous pouvez vous rapprocher de ces associations ou appeler Alcool info service au 0 980 980 930.
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