J-2 avant le coup d’envoi de la neuvième Coupe du Monde de rugby, au pays du soleil levant. C’est la première fois que la Coupe du Monde pose ses valises dans un pays asiatique. "Le grand intérêt de cette Coupe du Monde est de redécouvrir une histoire qu’on a oubliée : le Japon a une relation assez intense et longue avec le rugby. Le premier match a été joué en 1864. Le premier club a été créé en 1866, avant même un certain nombre de pays européens. Au final, on a 150 ans de relation avec le rugby, présent sur tout le territoire" explique Carole Gomez, chercheuse à l’IRIS, spécialiste de la géopolitique du sport, auteur de "Le rugby à la conquête du monde" (éd. Armand Colin).
Le rugby japonais est un rugby qui s’inscrit pleinement dans l’évolution globale du sport. "Il va y avoir des différences techniques et stratégiques. Il va y avoir des inspirations argentines, mais également des inspirations européennes avec un jeu de mouvement, assez physique, et assez différent de ce qu’on peut trouver dans le tournoi des VI Nations. Ce qui apporte un vent de fraîcheur et mettra sous le feu des projecteurs un pays qui mérite de l’être" ajoute-t-elle.
Plus globalement, l’enjeu pour le Japon, avec cette Coupe du Monde, est de montrer qu’il est bien une nation de rugby, à l’instar de pays comme la Nouvelle-Zélande, de l’Australie, de l’Argentine et des nations européennes. Il y a également un volet politique et diplomatique à cette affaire. "Durant un temps, on va s’afficher, être le centre du monde, et faire parler du Japon" lance Carole Gomez, qui ajoute à cela les futurs Jeux olympiques et paralympiques.
Aujourd’hui, on parle de World Rugby, même si l’on ne compte que 121 fédérations. Ce qui est très peu par rapport aux autres sports. "Il faut remettre les choses dans leur contexte et rappeler qu’en 1987, lors de la première Coupe du Monde, il n’y avait que huit fédérations affiliées. Il y a eu un boom considérable, même si l’on constate un ralentissement ces dernières années" précise la chercheuse à l’IRIS.
Toutefois, cette dernière dénote un vrai tournant avec le développement du rugby à sept, devenu discipline olympique. "Cela attire d’autres pays. Le fait de devenir sport olympique trouve un écho extrêmement favorable" explique Carole Gomez, ajoutant un deuxième facteur dans ce tournant rugbystique : le développement de la pratique féminine. Une pratique illustrée notamment dans la série télévisée "Putain de nanas". "On s’est rendu compte que pendant un certain nombre d’années, une partie de la planète avait été laissée de côté. L’enjeu aujourd’hui, c’est de rejoindre des territoires qui n’étaient pas un public de rugby, mais qui trouvent un écho favorable avec le rugby féminin" estime-t-elle.
Et comme au rugby, les hymnes prennent une part importante dans l'émotion des matchs, ce que ne nie pas Carole Gomez, retour sur un grand moment de Marseillaise:
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