Dimanche 26, « c’est un peu l’avenir de l’Europe qui va se jouer » pour Mgr Hollerich, qui estime que les partis populistes ont un agenda qui vise à « déconstruire l’Europe », sans en voir la complexité de ses problèmes. Des formations populistes qui ont montré leur « vraie face » après le scandale autrichien. Malgré tout, ils pourraient séduire un certain nombre de catholiques. Mgr Hollerich explique que, même si ces partis utilisent des « symboles chrétiens » leurs programmes sont à l’opposé des valeurs chrétiennes.
Sans donner de consigne de vote aux chrétiens, Mgr Hollerich appelle tout de même à « réfléchir » avant de voter, estimant que dans cette élection se joue « l’avenir de nos enfants » et de l’Europe. L’archevêque du Luxembourg ajoute que si certaines critiques faites à l’UE sont justifiées, une Europe sans union favoriserait les tensions entre États, évoquant notamment les différences de point de vue entre la France et l’Italie sur la question libyenne. Sans l’Europe nous « retournerions à des antagonismes qui s’élargiraient » entre des États uniquement nationaux.
La paix est fragile en Europe, explique Mgr Hollerich, qui tient également à rappeler qu’il est en faveur de l’Europe car elle a une « action pour le bien commun » et que la « paix est vraiment le plus important que les hommes puissent avoir » et qu’il faut éviter des tensions qui puissent devenir des « conflits armés ».
L’archevêque du Luxembourg veut insister sur le « soft power » de l’Europe. Malgré une faible force de frappe sur le plan militaire, l’UE cherche en permanence à négocier des accords lors de conflits internationaux : « L’Europe n’a pas ces tendances des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie à faire une politique uniquement géostratégique ».
Mgr Hollerich est inquiet de la forte abstention annoncée : « Les partis populistes arrivent très bien à mobiliser leurs électeurs », contrairement aux partis traditionnels. Dans ce contexte, l’archevêque du Luxembourg tient à rappeler que si le vote est un droit, l’Europe est aussi une « responsabilité collective ».
En visite sur l’île de Lesbos où se trouve un camp de migrants, Mgr Hollerich a été « choqué » par ce qu’il a vu : « des femmes, des enfants » qui sont dans des situations de « grande fragilité ». Il souligne que la Grèce « manque d’infrastructures » pour accueillir dignement les migrants.
C’est pour lui l’une des principales critiques que l’on peut faire à l’Union Européenne : « on oublie les plus pauvres » à la fois dans nos pays et « aux portes de l’Europe ». Sur les politiques migratoires, « On a laissé l’Italie et la Grèce seules avec le problème » pour l’archevêque du Luxembourg, qui estime que la politique de l’Europe « n’est plus chrétienne » dans ce domaine.
Malgré ces travers, l’Europe reste « la meilleure réponse possible », une UE qui permet d’éviter un chômage encore plus élevés et des écarts entre riches et pauvres encore plus importants selon Mgr Hollerich. L’archevêque déplore cependant une politique libérale qui a signé l’abandon des mesures sociales.
Il estime qu’il faut « faire plus pour que les gens voient que l’Europe est de leur côté », et demande aux institutions européennes de résoudre les problèmes « qui ont provoqué les populismes ». Dans un contexte de « profond changement de civilisation », il faut « préparer l’avenir », selon Mgr Hollerich.
Dans une lettre rédigée avec des évêques d’autres diocèses d’Europe de l’Ouest, Mgr Hollerich et ses confrères appellent l’Europe à accomplir sa « mission d’unité ». Les évêques déplorent la tentation de « revenir en arrière » et de « refaire les frontières ».
Pour Mgr Hollerich, si une partie du vote catholique va à l’extrême droite, ce que les autres partis « n’écoutent plus les électeurs catholiques ».
Il ajoute « Parfois c’est difficile de se sentir, comme catholique, à l’aise en politique » du fait du manque de considération des positions catholiques. Aujourd’hui « le monde politique a besoin de chrétiens engagés » et de « fonctionnaires catholiques qui travaillent dans les institutions européennes ».
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