Le retour à 90 km/h sur certains axes du Morbihan est à l’étude. La modification pourrait être effective après l'été 2023, mais ne concernerait que 7 à 8 % des routes du département.
La question fait débat dans le Morbihan. Faut-il ou non revenir aux 90km/h ? « C’est en projet et nous avons bien l’intention de le mener jusqu’au bout », confirme David Lappartient, le président du conseil départemental du Morbihan. Dans le détail, la mesure ne concernerait que 7 à 8 % des 4100 km de routes du département. « Le retour à 90km/h se fera de manière très ciblée sur certains axes structurants », poursuit le président. Pour aboutir à cette proposition, les services du département ont analysé différents éléments : l’accidentologie, qu’aucun tronçon de moins d’1 km puisse y figurer, que la voie fasse au moins six mètres de large, qu’il y ait des accotements… L’étape suivante sera la consultation, courant mars, de tous les maires du Morbihan. La modification sur les routes pourrait être effective à la fin de l’été 2023. « Nous sommes contre tout ce qui est décidé de Paris sans aucune réalité avec le terrain, commente David Lappartient. Si nous avons des pouvoirs de décentralisation c'est bien pour nous permettre d’agir avec discernement.»
Pourtant, dans le Morbihan, ce retour annoncé des 90 km/h fait débat. Pour le Groupe de gauche et écologiste du Conseil départemental du Morbihan : « le président fait fausse route. » Premier argument : l’insécurité routière. « En Morbihan, la deuxième cause d’accident est la vitesse, après la catégorie alcool et stupéfiants. L’étude commandée par la Délégation Interministérielle à la Sécurité Routière montre qu’il y a une baisse du nombre de tués avec le passage de 90km/h à 80km/h et qu’il y a peu de différence sur le temps de trajet .» Pour les élus d’oppositions, une augmentation de la vitesse ne devrait se faire « qu’après des travaux de sécurisation de ces axes. » Par ailleurs : « Augmenter la vitesse de 10km/h, va générer au minimum 10% de consommation de carburant supplémentaire dans une période d’énergie chère et d’impératif de réduction des gaz à effets de serre. » L’enjeu est donc : « de rattraper notre retard par rapport à certains départements en termes de sécurisation des routes départementales, avec des aménagements de sécurité type glissière, séparation des voies etc. »
Des arguments rejetés par David Lappartient : « Si je les écoute, pourquoi ne pas descendre à 70 km/h pour que l’on consomme encore moins ? Nos conseillers départementaux d'opposition, très majoritairement, sont dans les grandes agglomérations et ont assez peu besoin de prendre les grands axes. Il est donc, pour eux, assez facile de dire aux autres comment rouler. » Quant à l’insécurité routière ? « Tous les aménagements que nous avons réalisés ont concouru à diminuer drastiquement l'insécurité, le nombre de décès, d'accidents sur nos routes. Tant mieux. Nous allons continuer ainsi. » Pour le Président repasser à 90km/h sur certains axes semble logique et n’aura, selon lui, que peu d’effets. « Les gens roulent déjà à 90km/h sur ces axes. C’est la vitesse que nous avons constatée. Cela évitera juste, peut-être, aux gens de perdre un certain nombre de points sur leurs permis de conduire. Et vous savez, à la fin, quand vous avez un sentiment d'injustice, que ceux d'en haut ne comprennent pas ce qui se passe en bas, vous n'avez plus tellement de bulletins de vote modéré dans les urnes. Encore une fois, je le rappelle, ça ne concerne qu'une très faible partie des routes qui aurait mérité de rester à 90 km/h. C'est vrai quand vous êtes ministre, Premier ministre, vous risquez moins, à l’arrière d’une voiture avec chauffeur de perdre des points que Monsieur tout le monde qui va juste travailler. Il y a un vrai sentiment de ras-le-bol. Il ne faut pas le sous-estimer.»
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