Le profit, voilà un mot souvent assorti d’un adjectif, il y a de fait une grande différence entre un profit scandaleux, et un profit intellectuel, entre le fait de tirer profit du malheur des autres et de tirer profit d’une conversation d’une lecture.
En fait il semble que les deux mots, le profit, et le verbe, profiter, soient presque entrés en même temps en français, au début du XIIe siècle, à partir du latin profectus pour le nom, et proficere, progresser, pour le verbe. On reconnaît là le verbe faire, facere, et le préfixe pro, en avant. Le profit a d’abord bénéficie du sens général d’« avantage » moral, intellectuel, mais très vite, il est aussi matériel, financier. Et on retrouvera chez Furetière en 1690, le sens concret, défini comme « gages & émoluments ». Et Furetière de signaler par exemple que « les profits sur la mer sont fort grands » en évoquant les « assureurs de mer ». Et Richelet de son côté de rappeler le beau côté du profit avec l’adjectif profitable : « Rien n’est plus profitable que la santé du corps & plus salutaire que celle de l’âme » écrit-il. De son côté, l’abbé Girard en 1740 fait la distinction entre gain et profit. « Le gain, écrit-il, semble être quelque chose de très- casuel qui suppose des risques & du hasard, voilà pourquoi ce mot est d’un grand usage pour les joueurs & pour les commerçants. Le profit paroît être plus sûr & venir d’un rapport habituel, soit de fonds, soit d’industri » et d’évoquer « le profit d’une terre, pour exprimer ce qu’on en retire outre les revenus. » En fait, au XVIIe, existaient déjà des expressions sur le sujet, dont l’une perdue.
Déjà en vigueur sous Louis XIV, d’origine comptable pour dire qu’un avantage est définitivement perdu. Et puis il y a celle signalée par Furetière « On dit proverbialement que c’est un de ces niais de Sologne qui se trompent toujours à leur profit ». Vous savez quand on fait ses courses et qu’en vérifiant la note on s’aperçoit que le paquet de gâteaux a été facturé deux fois… Eh bien ce n’est pas toujours une erreur, mais le fait d’un « niais de Sologne ». Pourquoi la Sologne, parce qu’elle était jadis très pauvre, d’où quelques subterfuges pour survivre. Et pas de Petits beurres à l’époque !
Jean Pruvost, lexicologue passionné et passionnant vous entraîne chaque matin dans l'histoire mouvementée d'un simple mot !
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