Plus petits qu'une pièce d'un centime d'euro, ils ont colonisé en dix ans toute la métropole de Lyon, et, malgré leur petite taille, provoqué d’importantes nuisances. Au point qu'à cause d'Aedes albopictus, certains habitants ne sortent plus dans leur jardin.
L'automne a commencé. Pourtant, le bruit désagréable des moustiques ne s'est pas arrêté. Comme l'an dernier, avec l'allongement des étés indiens et le dérèglement du climat, on peut se faire piquer jusqu'en novembre. En particulier par les moustiques-tigres.
Arrivés en 2012 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les moustiques-tigres sont aujourd’hui installés durablement et gagnent chaque année un peu plus de terrain. « On était à 800 communes en Rhône-Alpes colonisées l’année dernière, il y en a déjà 160 à 170 de plus cette année », précise Gilles Besnard, entomologiste à l’EID Rhône-Alpes (Entente Interdépartementale de Démoustication), le bras droit de la lutte contre les moustiques-tigres.
Avec ses longues pattes et ses rayures blanches et noires, ce petit moustique asiatique est devenu une espèce envahissante. Un super moustique impossible à déloger.
Il est résistant à la sécheresse et n’a besoin que d’un fond d’eau stagnante pour que ses larves éclosent. « En ville, toutes les conditions sont réunies pour qu’il se développe ; d’autant plus qu’il n’a pas de prédateur », ajoute Frédéric Pronchéry, maire de Belleville-en-Beaujolais, dans le Rhône, qui prend cette question très au sérieux. Dans sa commune, les agents municipaux sont formés à détruire les potentiels abris dans l’espace public. Plus de coupelles avec de l’eau stagnante dans les trois cimetières de la ville. À la place, du sable en accès libre. Les soucoupes conservent l’humidité mais ne deviennent pas des gîtes pour les larves.
Dans certains cas, l'invasion de moustiques-tigres est tant avancée que cela laisse les habitants sans solution. À Villeurbanne, Noëlle a emménagé dans un appartement en rez-de-chaussée entouré d’un jardin. La nature en centre-ville, un rêve qui est vite devenu un cauchemar pour cette jeune mère de famille qui attendait son premier enfant. « On est sortis [dans le jardin] deux fois cette année, mais à chaque fois on rentre en catastrophe », soupire-t-elle. Un jardin colonisé à toute heure de la journée. « On court pour aller au compost et sur les trois mètres on se fait piquer », ajoute Noëlle. Aujourd’hui, les fenêtres restent fermées jour et nuit. La famille projette de déménager dans les prochains mois parce que leur appartement est devenu trop petit, mais aussi pour tourner la page des moustiques-tigres.
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