De nombreux maires y sont favorables, d’autres non. La question divise. L'avis très attendu du Conseil scientifique sera rendu public dès qu'il aura été finalisé et remis au Premier ministre, a précisé Matignon hier. Cela pourrait donc intervenir rapidement dans les prochaines heures. Car il est prévu qu’Edouard Philippe consulte les responsables des partis politiques mercredi en fin de journée.
Le scrutin concernerait plus de 4.800 communes après les résultats du 15 mars. Dans un courrier envoyé au Premier ministre, lAssociation des maires de France (AMF) et France Urbaine plaident pour la tenue du second tour des municipales "dans le courant du mois de juin", si la situation sanitaire le permet, Dimanche dernier, plusieurs maires de grandes villes comme Anne Hidalgo à Paris ou Christian Estrosi à Nice ont appelé à la même chose dans une tribune parue dans le JDD. Quasiment tous sont en ballotage favorable, il faut le préciser. L’objectif selon eux est de mettre fin à l’incertitude et de mettre les équipes en ordre de bataille pour relancer l’économie avec de l’investissement public local.
En France, le poids de l’investissement public des collectivités locales est très important, par exemple pour le secteur des travaux publics. Or la situation est inédite pour les intercommunalités où vont siéger des maires définitivement élus et d’autres sortants encore en attente du résultat Ce qui rend les choses assez complexes. Pour Romain Pasquier, politologue et enseignant à Sciences-Po Rennes, l’argument est recevable mais pas insurmontable.
Mais si l’écart est trop important entre le premier tour du 15 mars et le second, de nombreux juristes et constitutionnalistes estiment qu’il faudrait alors rejouer les deux tours pour la sincérité d'un scrutin, déjà bien entamée.
D’autres maires sont favorables à une solution l’an prochain ou à l’automne. C’est le cas de Martine Aubry à Lille. C'est également le cas de Chafia Zehmoul. Elle ne s'est toujours pas remise du premier tour des élections municipales. Tête d'une liste de la société civile à Saint-Fons dans la banlieue de Lyon, elle a vu ses colistiers et ses militants sévèrement touchés par le coronavirus. Plus d’une vingtaine de personnes malades et des décès dans certaines familles. Pour elle, organiser un second tour en juin est totalement prématuré. Chafia Zehmoul avait obtenu un peu plus de 10% des voix et pouvait se maintenir au second tour. Dans l’attente d’une décision du gouvernement sur la date du scrutin, elle se consacre à son association pour venir en aide aux personnes en difficulté. Et elle informe la population sur le coronavirus.
Une étude menée par des épidémiologistes et statisticiens, en partie publiée le 15 mai dernier, a conclu que la tenue du premier tour n’a pas accéléré statistiquement la circulation du coronavirus. Sans nier toutefois que des contaminations aient pu avoir eu lieu comme dans l’équipe de Chafia Zehmoul.
Mais quelle que soit la décision prise et la date, le gouvernement joue gros dans ce scrutin. Etant donné le passif du premier tour et la polémique, le gouvernement veut partager les risques sur ce dossier très sensible qui constitue un vrai piège politique pour l’exécutif.
D’autant que la loi du 23 mars 2020 qui fixait les modalités de validation du premier tour et le renvoi du second tour à une date ultérieure n’a pas été déférée au Conseil constitutionnel. Il y a de nombreuses requêtes de candidats battus de justesse au 1er tour et qui attribuent leur défaite au contexte dans lequel s’est tenu l’élection le 15 mars. Recours complété de question prioritaire de constitutionnalité que le Conseil devra trancher. Il n'est pas certain que l'annonce d’un 2e tour en juin lève l’incertitude.
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