Il s’agit bien sûr de l’homme de Neandertal. Le musée de l’Homme à Paris lui consacre actuellement une exposition jusqu’au 7 janvier prochain.
"L’exposition a deux objectifs. Le premier est archéologique. Nous voulions faire le point sur les connaissances, à ce jour, sur l’homme de Neandertal, découvert en 1856. Il nous paraissait important de faire un point sur le sujet et de présenter ce qui n’avait pas été fait, les toutes dernières découvertes de ces dix dernières années. Le deuxième objectif était de montrer en parallèle de nos recherches scientifiques, l’avancée de notre imaginaire sur Neandertal" explique Pascal Depaepe, commissaire de l’exposition, préhistorien, archéologue et paléoliticien.
Cet homme souffre aujourd’hui encore de nombreux clichés tels que l’homme des cavernes. "Neandertal a été découvert trop tôt comme étant quelque chose d’étonnant. On est avant Darwin, on est à une époque où la théorie de l’évolution n’existe pas. On est sur le fixisme. Les espèces sont créées telles quelles et n’évoluent pas. En 1856, quand il est découvert, les savants de l’époque considèrent que c’est un homo sapiens atteint de débilité congénitale, de crétinisme pathologique, selon les termes employés à l’époque" ajoute Pascal Depaepe.
L’une des erreurs qui a longtemps couru, a été de considérer Neandertal comme une espèce inférieure à l’espèce humaine. Pourtant c’est un humain à part entière. Mais cette avancée ne s’est pas faite toute seule. "Dans la seconde moitié du XIXème siècle, on est dans un système de hiérarchie des races avec l’homme blanc au-dessus et le noir africain tout en bas. Neandertal est dans ce mouvement de pensée. Au fur et à mesure des découvertes qui se sont accumulées, il a été de plus en plus difficile de daigner à ce néandertalien une part d’humanité" précise l'archéologue.
L’homme de Neandertal s’étendait visiblement du Pays de Galle jusqu’en Altaï, soit l’Eurasie actuelle. "Il n’est pas là tout le temps. Son berceau, c’est l’Europe occidentale. Il y a eu des déplacements de population sur des temps très longs. Neandertal a vécu sur 18 000 générations. Il arrive ensuite au Proche-Orient. C’est là qu’il nous rencontre, qu’il rencontre l’Homo Sapiens. Il y a des métissages. Des métissages qui ne sont pas marginaux. Ce sont des brassages de population" lance encore Pascal Depaepe.
Concernant son extinction, il existe beaucoup d’hypothèses, certaines fiables d’autres moins. "Sapiens aurait apporté des épidémies à Neandertal. Sapiens aurait exterminé Neandertal sous forme de guerre tribale. Pour l’une comme pour l’autre, cela ressort plus de notre imaginaire collectif que de preuves archéologiques. Il y a d’autres hypothèses plus ou moins fortes, dont la concurrence entre Sapiens et Neandertal" explique le commissaire de l'exposition.
On apprend dans cette exposition que le cerveau de Neandertal est plus volumineux que celui d’un Sapiens, mais il est construit différemment. "La recherche avance sur le sujet. On n’en est pas encore à pouvoir dire quelles étaient les différences cognitives entre les deux uniquement sur la base de leur cerveau" précise encore l'archéologue.
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