Nice et les Alpes-Maritimes vivent une situation inédite: des milliers de migrants mineurs sont arrivés en 2023. Et ça coince dans les rouages de l'Etat aux collectivités. En attendant, les associations caritatives encaissent le choc.
Le 18 août dernier, le Département des Alpes-Maritimes avait pris en charge 4333 mineurs non accompagnés. Presque plus que toute l'année 2022. Sauf que l'année 2023 ne se termine que dans quatre mois. Dans la ville de Nice, c'est à la caserne Auvare que ces jeunes, souvent guinéens ces derniers jours, se présentent pour faire valoir leur minorité. Sauf que chaque jour, 9 sont écoutés par les forces de l'ordre.
Les autres attendent dans la rue, jour et nuit. Ils disent avoir "15 ans", "16 ans", certains nous donnent même leur date de naissance. Beaucoup disent "vouloir étudier parce que ça va commencer" (NDLR la rentrée a lieu le 4 septembre) mais ils patientent. Ils racontent avoir été "pourchassés par la police à coups de fusil en Algérie", maltraités en Italie et espèrent de la France un avenir meilleur.
Sauf qu'après "trois semaines à dormir dans la rue", la déception règne dans le petit square qui fait face au commissariat. Les associations reprochent au Département des Alpes-Maritimes de ne pas venir "chercher dans les locaux de la police les mineurs dans des délais suffisamment rapides pour une mise à l’abri". La mairie de Nice aussi charge la collectivité de Charles-Ange Ginésy dans un communiqué en expliquant que "les associations viennent pallier les carences du Département qui ne remplit plus les prérogatives qui lui sont confiées par la loi". Département qui lui-même demande l'aide de l'Etat pour "gérer l'immigration massive" en se disant "victime collatérale d’une frontière passoire".
La mairie de Nice pointe une mauvaise volonté du Département et indique que "la police municipale orientera dorénavant directement les nombreux mineurs isolés qui errent en ville vers les maisons départementales de solidarité". En attendant, les bénévoles des associations travaillent dans l'ombre, loin des querelles. Dans les locaux du Secours Catholique, Christian est sorti de son repos estival pour préparer des sandwichs, "donner des K-ways" aussi. Chaque jour, il "distribue des repas à Vauban, parle avec eux, les rassure".
Michel, bénévole de Tous Citoyens fait aussi ce suivi: "il en arrive tous les jours donc on prend les noms, les références des jeunes. Là, celui du Bengladesh a son document original, ça c'est positif pour qu'il soit pris en charge" dit-il carnet et stylo à la main. "On veut de l'aide, on espère que vous allez nous aider" nous dit un migrant qui nous dit avoir "l'envie de retrouver une salle de classe et une école".
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