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Nigeria: "il n’y a pas de génocide de chrétiens"

RCF,  - Modifié le 19 décembre 2019
Le 5 décembre dernier Paris Match publiait une enquête de Bernard-Henri Levy, qui revenait du Nigeria, où il décrivait des exactions abominables sur les chrétiens.
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Génocide, le mot est fort. C’est pourtant que celui que le philosophe a employé dans son enquête publiée le 5 décembre dernier dans Paris Match. Une enquête dans laquelle il revient sur le sort des chrétiens du Nigeria, et sur les exactions qu’ils subissent quotidiennement. On connaît la fougue de Bernard-Henri Levy, et son talent pour attirer l’attention médiatique sur les zones de guerre. Mais que se passe-t-il vraiment au Nigeria ?
 

De nombreux massacres

Pour tenter d’en savoir plus, RCF donne la parole à un spécialiste de cette partie de l’Afrique. Un universitaire qui travaille depuis de longues années sur la montée du jihadisme dans cette région du Sahel. Il s’agit de Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, auteur d’un ouvrage qui sortira en janvier prochain chez JC Lattès, intitulé "Une guerre perdue : la France au Sahel".

Au lendemain de la publication de l’enquête de BHL, Marc-Antoine Pérouse de Montclos publiait dans le quotidien Le Monde une tribune dans laquelle il incitait avec d’autres à traiter le Nigeria avec moins d’approximations. Pourtant, il ne nie pas les massacres qui ont lieu sur place, loin s’en faut. "Il y a beaucoup de massacres au Nigeria, parfois commis par les forces de sécurité, parfois commis par Boko Haram contre des musulmans, mais aussi contre des chrétiens" explique-t-il.
 

Les chrétiens ne sont pas tués à cause de leur religion

Mais sur les chrétiens, il nuance. "Ils ne sont pas forcément tués. C’est très rare qu’ils soient tués parce qu’ils sont chrétiens. Il n’y a pas de génocide dans le Nord du Nigeria. Ce sont beaucoup de conflits fonciers  ou politiques pour contrôler les municipalités. Si des musulmans tuent des chrétiens, c’est à cause d’une réalité de pouvoir, d’un conflit pour l’accès aux terres" ajoute ce spécialiste.

Le mot génocide revient pourtant souvent quand on évoque le cas du Nigeria. "Le mot génocide, cela voudrait dire qu’il faudrait une intervention militaire internationale dans le pays le plus peuplé d’Afrique. Je veux bien qu’on aille faire la guerre à la Chine, mais imaginez les conséquences. C’est du grand n’importe quoi. D’autant qu’il n’y a pas de génocide. BHL a largement contribué à l’intervention militaire française contre Kadhafi. Il faut faire très attention à ce genre de raisonnement" dénonce-t-il.
 

Mettre fin aux exactions des forces de sécurité

Ce spécialiste du Nigeria rappelle que "l’Église catholique a une position très tempérée sur le Nigeria, qu’il faut saluer. Elle ne reprend pas le type de discours que l’on pouvait avoir dans l’article de Paris Match. En revanche les groupes évangéliques  sont extrêmement agressifs. Ils vont instrumentaliser ces problèmes avec un discours très militariste. Ils veulent monter une armée de Jésus et faire des croisades, aller éliminer les musulmans".

Face à cela, il n’existe pas d’Etat régulateur qui permette d’apaiser et de gérer les conflits autrement qu’en recourant à la violence. "Ce qui rajoute une couche de brutalité sur tous ces conflits agropastoraux dont on parle tant dans le centre du Nigeria. Il faut d’abord mettre fin à l’impunité des forces de sécurité. On ne peut pas imaginer ce que ces forces font comme exactions. Si vous avez adoré la décapitation des jihadistes, vous adorerez le démembrement des corps dans les prisons nigerianes. Et il n’y a pas de sanctions" conclut Marc-Antoine Pérouse de Montclos.

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