Tout nous conduit à faire le constat aujourd’hui du danger d’autodestruction dans lequel l’humanité est engagée si elle ne prend pas la mesure des impacts néfastes qu’elle exerce sur l’habitabilité de la Terre. La prise de conscience universelle d’un tel phénomène grandit, et doit s’accompagner d’actions concrètes, mais aussi de nouveaux modes d’existence et d’échanges des êtres humains, entre eux et avec tous les vivants.
« Comme jamais auparavant dans l’histoire, notre destin commun nous invite à chercher un nouveau commencement » dit la Charte de la Terre (La Haye, 2000). Le mot grec Arkhè (á¼ρχή), « commencement », a donné de nombreux mots en français comme archéologie ou archange. Il peut aussi être traduit par « principe », « ce qui est à l’origine », autrement dit « ce qui occupe la première place ». Parler de nouveau commencement, avec en arrière fond, l’actualité du « dé confinement », se poser la question : Qu’est-ce qui prime dans notre existence et lui donne sens ? Il convient à chacun et à nous ensemble en société, de répondre à cette question primordiale. Cette interrogation est aussi la clé de l’éducation. « Parce qu’éduquer, c’est chercher le sens des choses. C’est enseigner comment trouver le sens des choses. » (Pape François lors de la journée mondiale de l’environnement, le 5 juin 2020).
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont « conscience de la gravité de la crise culturelle et écologique ». Certains d’entre eux luttent admirablement, mais parce qu’ils ont grandi dans un contexte de grande consommation et de bien-être, « le développement d’autres habitudes » est rendu difficile à vivre (Laudato Si, § 209). C’est vrai pour nous tous.
Pour accompagner et enseigner de nouvelles habitudes écologiques, des Centres Laudato Si’ voient le jour un peu partout. La revue Le Pèlerin vient d’éditer un livret répertoriant 50 de ces lieux en France « pour changer nos vies », en célébrant « écologie, sobriété, partage ». Serons-nous la « génération Laudato Si », dans le maillage de tels lieux inspirants ? : Centre spirituel jésuite du Hautmont dans le Nord ; l’Abbaye de Lérins, face à Cannes où les moines disent que Laudato Si’ a aiguillé la réflexion sur la cohérence de leur vie ; l’Ermitage à Versailles ; à travers de multiples autres lieux tout aussi proches par le cœur, et plus encore géographiquement, comme le « passionnant modèle de vie partagée » de la Rebellerie à Nueil-sur-Layon, ou encore ici, à Angers, « dans le jardin dans la ville » qu’est l’Esvière.
« L’éducation pour l’alliance entre l’humanité et l’environnement » (Laudato Si, § 209 à 215) passe par de tels lieux d’immersion et d’enseignement pratique favorable à « une conversion écologique ».
Dieu a créé le monde en y inscrivant un ordre et un dynamisme que l’être humain n’a pas le droit d’ignorer. Quand on lit dans l’Évangile que Jésus parle des oiseaux, et dit qu’aucun d’eux n’est oublié au regard de Dieu » (Lc 12,6) : pourra-t-on encore les maltraiter ou leur faire du mal ? J’invite tous les chrétiens à expliciter cette dimension de leur conversion, en permettant que la force et la lumière de la grâce reçue s’étendent aussi à leur relation avec les autres créatures ainsi qu’avec le monde qui les entoure, et suscitent cette fraternité sublime avec toute la création, que Saint François a vécue d’une manière si lumineuse.
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