Décompter en une nuit les sans-abris de Paris qui restent dormir dehors, malgré toutes les solutions d'accueil d'urgence. C'est l'objectif que s'était fixé la Mairie de Paris jeudi soir dernier. L'idée est simple. Pourtant, c'était la première fois en France que cette Nuit de la Solidarité se tenait.
Un pari relevé malgré le temps légèrement froid et humide qu'a connu cette nuit la capitale. Et si l'idée est effectivement simple, le dispositif lui n'était pas léger. Plus de 2 000 personnes ont été mobilisé pour l'occasion. Pas moins de 1700 bénévoles parisiens encadrés par des professionnels, à travers 35 équipes, ont ainsi sillonné en groupes de cinq ou six les 20 arrondissements de Paris dans les moindres recoins. Mais attention, qui dit comptage ne dit surtout pas fichage, comme l'explique Dominique Versini, l'adjointe à la maire de Paris en charge de la lutte contre l'exclusion.
Ce concept est déjà expérimenté à l'étranger - à New-York, Bruxelles ou bien encore Athènes - depuis plusieurs années. Et il arrive à point nommé quelques jours seulement après la polémique entre un membre du gouvernement et les associations. Le premier estimant à cinquante personnes par soir le nombre de SDF en Île-de-France alors que les secondes affirment plutôt que ce chiffre évolue autour de 2 000.
C'est pourquoi le choix de la période de comptage a été totalement prémédité. Période hivernale et grand froid, c'est en ce moment que le nombre de places ouvertes est le plus grand : pas moins de 18 500 lits. Pourtant le compte n'y est pas. Le Samu social continue d'être débordé et ne réussit a répondre qu'au tiers des appel qui arrivent au 115.
Alors l'urgence est claire : savoir précisément de quel nombre de SDF l'on parle pour enfin avancer en matière de lutte contre l'exclusion. L'idée n'est donc pas de se chamailler entre Etat et municipalités, ou de rejeter la faute sur le dos de l'autre mais bien de construire de nouvelles solutions.
Côté associations, l'avis est plus tranché, à l'instar de celui de Christophe Robert, le secrétaire général de la fondation Abbé-Pierre. Pour lui, les efforts à faire doivent venir avant tout de l'Etat. C'est aujourd'hui à lui d'agir de façon cohérente et suffisante, d'autant qu'il y aura toujours des nouveaux sans-abris : des femmes victimes de violences, des personnes poussées à la rue suite à l'explosion de cellule familiale, suite à un surendettement, à la perte d'un emploi, d'un logement...
En attendant que suffisamment de logements soient disponibles, le Samu Social expérimente depuis l'été 2016 un programme allant dans le sens du parcours d'hébergement. Appelé "Elan", ce dispositif aide aujourd'hui les personnes migrantes régularisées à se loger et rebondir. Comment ? Elan propose ainsi à des particuliers d'accueillir un réfugié chez eux pour au moins trois mois, avec le soutien du Samu social pour l'accompagnement socio-professionnel.
D'ici là, le fameux nombre de personnes à dormir dehors qui sortira de cette Nuit de la Solidarité ne sera connu que dans le courant de la semaine prochaine, le temps de consolider les résultats des 350 enquêtes. A ce jour, la France compte près de 143 000 sans-abris.
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