Nuit des Veilleurs: l'ACAT appelle à se mobiliser contre la torture

L’idée est de se rassembler à l’occasion d’une veillée pour prier en soutien aux victimes de torture. Cette année, il s’agit aussi de prier pour leurs bourreaux.
 

Quel état des lieux peut-on dresser de la torture dans le monde ?

"C’est une pratique qui est malheureusement encore courante dans de très nombreux pays. Ce sont surtout des dictatures. Mais dans notre démocratie, nous sommes très vigilants en ce qui concerne les centres de rétention, les violences policières dans les manifestations. Nous avons choisi pour la nuit des Veilleurs dix adultes dont deux femmes qui ont subi la torture dans différents endroits, mais également des prisonniers qui n’ont jamais été jugés" explique Brigitte Vilanova, militante de l’ACAT depuis 40 ans.
 

Vous menez plusieurs campagnes régulièrement. Portent-elles des résultats ?

"Nous avons des retours bien entendu. Nous avons deux prisonniers qui sont venus nous voir l’an dernier dont un Vietnamien qui a témoigné de l’importance des lettres reçues, car nous écrivons régulièrement aux autorités et aux prisonniers pour les soutenir dans leur isolement. Ce Vietnamien nous a dit que les 100 lettres qu’il avait reçues avaient été pour lui une force et une raison de ne pas désespérer" ajoute Brigitte Vilanova.
 

Le christianisme est une religion qui a connu, depuis ses débuts, des exactions, contre elle. Il existe encore des martyrs. C’est important de le rappeler ?

"C’est très important. Moi je suis orthodoxe, et ce sont pour nous comme des icônes. Voir leur visage, entendre leur histoire. Je me tourne vers eux dans ma prière" lance cette membre de l'ACAT.
 

Il y a les actions durant l’année. Et puis il y a cette nuit des Veilleurs. En quoi cela consiste-t-il ?

"Ce sont des veillées de prière où nous avons les portraits de dix prisonniers et de leur histoire. Nous prions pour eux, pour qu’ils ne soient pas oubliés. Nous choisissons un thème chaque année. Cette année nous avons choisi la fraternité jusqu’à aimer ses ennemis. L’ACAT a à cœur de porter une réflexion sur les bourreaux, sur ceux qui pratiquent la torture, sur des terroristes, sur tous ceux qui sont engagés dans une voie négative. Aimer ses ennemis c’est très difficile, mais c’est ce que nous demande l’Evangile. La vision que nous avons des droits de l’homme n’est pas tout à fait la même que d’autres associations. Nous pensons que toute personne peut évoluer. Et tous les moyens sont bons" conclut Brigitte Vilanova.