Octobre 2023 : quel impact sur la santé des arbres en Auvergne ?

Un vert encore très présent lorsqu’on lève les yeux en forêt, des arbres qui mettent en place des bourgeons et des fleurs…des signes peu familiers en cette saison que chacun d’entre nous a pu observer et surprendre ces derniers jours. Les températures très douces que la France a connu en octobre ont donné du fil à retordre à nos écosystèmes. « Deux facteurs s’additionnent, la chaleur inhabituelle et le manque d’eau, qui s’inscrit maintenant depuis plusieurs années » explique la chercheuse Catherine Lenne, auteur du livre "Dans la peau d'un arbre". « A l’approche de l’automne, un arbre rentre en sommeil et en dormance. Avant cela, il fabrique des réserves de sucre avec sa photosynthèse. Comme les températures sont restées élevées, le signal est mauvais pour l’arbre. Il s’est cru toujours en été. Le risque ? Que les fortes chaleurs aient perturbé l’entrée en dormance. Si les périodes de gels arrivent trop tôt, elles pourraient tuer les arbres qui n’auront pas fait suffisamment de réserves de sucres ».

« L’adaptation est quelque chose qui prend du temps »

Les capacités d'adaptation des différentes espèces d’arbres au changement climatique sont complexes à anticiper. « L’adaptation est quelque chose qui prend du temps. Or, le changement climatique va beaucoup trop vite. Et l’échelle de l’adaptation d’un être vivant, c’est l’échelle de milliers d’années ». Au sein du laboratoire PIAF à Clermont-Ferrand (INRAE-UCA), les chercheurs tentent de savoir pourquoi certains arbres résistent mieux que d’autres au changement climatique, y compris au sein d’une même essence. « Nous avons une une variabilité génétique qui est une source de potentiel, et c’est ce qui fait que certains sont plus armés que d’autres ». note Catherine Lenne.

La plantation d'arbres est-elle une action à privilégier ?

Très en vogue actuellement, la plantation d'arbres, pour lutter contre le réchauffement climatique, en stockant du carbone, ne fait pas l'unanimité. « Attention à ne pas oublier les services que nous rendent les vieux arbres », prévient Catherine Lenne,  « notamment la quantité de leur photosynthèse. Dans tous les projets qui prévoient aujourd'hui d’abattre des arbres, réfléchissons deux fois avant de sortir la tronçonneuse ».

Ci-dessous, réécoutez l'intégralité de l'entretien avec Catherine Lenne.