Avec son projet "Odyssées", série de portraits d'hommes et de femmes en migration. Des photos présentées sous forme de diptyque. Des hommes et des femmes qui viennent de pays très différents. "Je les ai rencontrés car nous avions au Havre organisé un travail photographique, et nous avions fait appel à des volontaires. Toutes ces personnes étaient volontaires. C'est un travail sur l'exil, pour mettre en lumière leur intériorité. Ne pas me cantonner à leurs conditions" explique la photographe Aglaé Bory.
"La plupart sont arrivés après un long périple. La traversée de la Libye, de la Méditerranée, de l'Italie. Ils sont arrivés au Havre un peu par hasard. Ils vont rester là quelques années en attendant que l'administration statue sur leur demande d'asile" ajoute-t-elle, qui précise que toutes ces personnes souffrent de cette invisibilité, en plus de ce qu'ils ont vécu dans leur pays.
"Leur quotidien est fait principalement d'attente et d'inquiétude. Ils attendent la réponse de l'administration. Ils ne peuvent pas travailler. Beaucoup s'engagent dans des actions humanitaires. Ils rendent ainsi de cette façon ce qu'on leur offre. Ils prennent des cours de français quand ils y arrivent" lance-t-elle.
"Photographier quelqu'un crée des liens, cela engage. Je continue à communiquer avec eux. On prend des nouvelles. J'essaie de me mettre à la bonne distance. Ce que je voulais faire, c'était les sublimer, rendre hommage à ce qu'ils sont, à leur existence inaliénable, à la puissance de leur courage" précise la photographe.
Ce reportage a été réalisé en 2018. Depuis, "certains sont partis. Mais la plupart sont restés au Havre. Ils attendent encore un statut qui n'arrive pas, ou qui n'a pas abouti. Ils se retrouvent ainsi dans l'illégalité. D'autres ont abouti. Ils peuvent ainsi aller vers plus d'autonomie : trouver un logement, un travail. Ils rêvent de pouvoir travailler pour être autonomes, de pouvoir faire venir leur famille. Ils rêvent de choses très simples : avoir une vie la plus normale possible" conclut Aglaé Bory.
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