Presque deux mois après les restrictions d’eau à Mayotte, la population est toujours plus démunie face aux manques de réponses de l’Etat. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin doit se rendre sur place mercredi 1er et jeudi 2 novembre alors que l’eau du robinet ne coule désormais plus que quelques heures tous les trois jours. Témoignage.
“On essaye juste de survivre”. Ce n’est plus un appel, mais un cri de désespoir qui est lancé par les habitants de Mayotte. “Les gens sont fatigués et n’ont plus la force de rien”, raconte Camille, une habitante de l’île.
Camille est mère de quatre enfants et jamais elle n’a connu une situation aussi critique. La sécheresse continue de frapper l’île et les réponses gouvernementales sont toujours absentes. Seule la préfecture continue de communiquer avec les populations locales pour annoncer des mesures toujours plus restrictives. Désormais, les Mahorais voient l’eau couler de leur robinet seulement deux heures tous les trois jours.
Face à la situation qui s’empire un peu plus chaque jour, Mayotte s’organise. Les habitants sont contraints de faire des réserves et de réutiliser l’eau de la vaisselle pour les toilettes, etc.
Pendant les quelques heures d’accès à l’eau sur l'île, Camille, son mari et leurs quatre enfants tentent de stocker l’eau là où ils le peuvent. “Nous n’avons pas de cuve dans notre famille. Une cuve de mille litres coûte 4 000 euros entre l’achat et la pose. On ne peut pas les sortir comme ça”, souffle Camille. “En Métropole, cette même cuve coûte 400 euros et avec les aides départementales, elle ne coûte plus rien du tout”, martèle Camille. Cependant, au sein du 101e département français, aucune aide publique ne subventionne l’achat d’une telle cuve.
Sans aide de l’Etat, les populations tentent de stocker l’eau - décidément l’or bleu - là où ils peuvent. “On remplit des bidons. On a acheté deux grosses poubelles en plastique de 150 litres avec un couvercle”, raconte la mère de quatre enfants, qui récupère l’eau là où elle peut.
“On a tiré des tuyaux depuis nos clims jusqu’à nos poubelles qui se remplissent. Ça peut produire jusqu’à cinq litres d’eau de l’heure. On va les utiliser pour faire la vaisselle et tirer les chasses d'eau”, déplore Camille qui a dû désapprendre à ses enfants à tirer la chasse d’eau.
Face à un risque sanitaire important sans accès à l’eau, la famille de Camille cherche des solutions pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle se rend en magasin pour aller acheter des packs d’eau. Lorsque les packs d’eau ne sont pas en rupture de stock, c’est son pouvoir d’achat qui en prend un coup face à des prix qui s’envolent. “Le pack d’eau est entre six et douze euros. Il ne coûte qu’un euro quinze en métropole. C’est douze fois plus cher à Mayotte”, ne peut que constater Camille. Pourtant, cette mère de famille se sait chanceuse : 77 % de la population à Mayotte vit sous le seuil de pauvreté.
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