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"On est là pour des choses justes"

RCF,  - Modifié le 21 janvier 2019
Antoine Guggenheim vous propose son éditorial.
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Le culte de l’argent et de l’individualisme n’a pas été pas que le lot du peuple, comme le pensaient, il y a peu encore, les belles âmes qui regrettaient, dans leur confortable entre-soi, que les « gens » rêvent davantage devant les centres commerciaux et les technologies de communication, que devant les urnes et l’engagement pour autrui. Le culte de l’argent et de l’individualisme est aussi devenu la malédiction des élites, devenues par-là oligarchie, dont la vision est faussée et les désirs bornés.

Montesquieu disait que si la démocratie est le meilleur des régimes, c’est aussi parce qu’elle exige en particulier des gouvernants la vertu, vertu politique plus que morale, s’entend. Service de la chose commune et du bien commun qui fait que les responsables reçoivent l’approbation et le soutien de tous. Saint Augustin observait de son côté qu’une autorité – politique, économique, judiciaire – qui ne sert pas le bien commun ressemble à une caverne de brigands qui use de son pouvoir pour sa propre jouissance et celle de ses soutiens.

De doléances en propositions, quelque chose a changé. J’entends, dans ma paroisse très chic du 7ème arrondissement de Paris, bien sûr le refus de la violence et la peur des manifestants. La bourgeoisie n’aime pas les épreuves de force, les grèves, les manifestations, en général les troubles à l’ordre public – elle ne se rend pas compte qu’elle profite souvent du rapport de force en sa faveur : argent, études, carnet d’adresse, équipements publics…

Mais j’entends aussi une autre petite musique, comme celle-ci : "Je n’avais pas réalisé la situation difficile de beaucoup du fait des impôts et du désengagement des services publics, de la cherté de la vie quotidienne, de l’isolement géographique et du coût des transports … ". Quelque chose a changé. Des chakras se sont ouverts. Le cocktail de l’implosion sociale est désormais dénoncé par tous comme amer. L’inégalité de condition et le retour des privilèges par rapport à la loi dans les domaines de l’éducation, du travail ou de la maladie…, ce n’est pas la société que nous voulons. Cette redécouverte profonde de la société française ne peut être évacuée par quelques coups de com’.

Je voudrais donc contribuer au grand débat national en transformant des doléances en propositions. Ma proposition, très concrète, concerne les logements sociaux. Ils relèvent de l’autorité des maires, qui dans les grandes comme dans les petites villes disposent donc d’un grand pouvoir. Loin des passe-droits électoraux, voire de la corruption, l’attribution des logements sociaux, habitations à loyers modérés des cœurs de ville, etc. pourraient bénéficier en priorité aux travailleurs à salaires modestes dont le métier s’exerce en ville et en centre-ville, alors que leurs revenus les en excluent du fait des prix du marché.

Infirmières, aides-soignantes, en hôpital et à domicile, policiers, enseignants, et bien d’autres, assurent la vie quotidienne des citadins… Ne devraient-ils pas être assurés de trouver un logement en ville ? Ce serait justice et efficacité pour eux et pour ceux dont ils prennent soin, un bienfait pour la fraternité de quartier.

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