On a longtemps comparé la pandémie de Covid-19 à celle de la grippe espagnole. Une comparaison superficielle pour Patrick Zylberman, historien de la santé, spécialiste des épidémies, auteur de "Oublier Wuhan, essai sur l’histoire contemporaine des crises sanitaire" (éd. de la Fabrique).
"On a quelques analogies, comme l’absence de traitement, de thérapeutique préventive, rien pour lutter efficacement contre le virus. En réalité, on a affaire à deux mondes différents. En 1918, il y avait moins de personnes âgées, moins d’immunodéprimés, pas de services de soins critiques" explique-t-il.
Au fil du temps, les pandémies ont changé leur époque. "La peste noire du Moyen Âge a considérablement bouleversé la société. Avant la peste, on avait une société surpeuplée au bas salaire et à la rente foncière élevée. Après la peste, tout est bouleversé : sous-population, haut salaire et rente foncière en chute libre" livre Patrick Zylberman à titre d’exemple. A l’inverse, d’autres épidémies n’ont laissé aucune trace, comme la grippe espagnole. "Je pense que ce sera aussi le cas du coronavirus" ajoute-t-il.
"Je parie sur l’oubli. Si l’on passe son temps à se remémorer les grands malheurs que l’on a vécu, on n’avance pas. Sans oubli, pas de présent disait Nietzche" lance ce spécialiste de l’histoire sanitaire. Néanmoins, toute crise apporte son lot de nouveauté : préférence pour la santé au détriment de l’économie, modifications des conditions de vie et de travail, prises de conscience.
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